Al Ain. Dans un bâtiment ultramoderne au milieu du désert, un professeur chinois donne un cours d'immunologie en anglais à cinq étudiants en blouse blanche émiriotes. Filmée, la leçon est retransmise instantanément dans une salle adjacente devant une trentaine de jeunes femmes. La faculté de médecine d'Al Ain, la première fondée aux Emirats arabes unis en 1986 - 250 étudiants toutes promotions confondues - éprouve les pires difficultés à recruter des hommes. Ces derniers partent le plus souvent pour l'étranger afin de poursuivre leurs études dans de prestigieuses universités américaines ou européennes, aux frais de l'Etat. Filles et garçons font salle à part. Le bâtiment a été conçu de façon à ce qu'ils ne puissent se croiser. « Nous ferons le mélange entre hommes et femmes quand les esprits seront prêts », commente Georges Carruthers, le doyen d'origine irlandaise, diplômé à Belfast et installé depuis 15 ans aux Emirats. L'enseignement - 6 ans de formation répondant aux critères européens - a dû s'adapter aux convictions religieuses des Emiriotes. Cela n'est pas sans causer parfois quelques difficultés « lorsque sont abordées la grossesse et les maladies féminines », explique le doyen.
Le nec plus ultra de l'enseignement.
Les conditions d'enseignement sont optimales. Chaque promotion ne dépasse pas 30 étudiants. Des professeurs éminents ont été recrutés en Amérique du Nord, Angleterre, Nouvelle-Zélande, Australie, Egypte, Irak, Soudan, Syrie et... France. Le bâtiment contient deux immenses bibliothèques - une dans chaque aile - où des documentalistes aident les étudiants à effectuer leurs recherches. Elles sont grandement facilitées par l'abonnement de la faculté à 3 197 revues scientifiques et médicales. Dans la salle informatique, 30 ordinateurs attendent des utilisateurs. « Le risque de louper son examen est très faible, confie le doyen. Les étudiants ont d'excellents résultats, surtout les filles, qui sont les plus motivées. Elles espèrent réussir leurs études pour échapper à l'emprise de leur entourage et gagner leur indépendance. » Trois sœurs « très douées » ont récemment été recrutées aux Etats-Unis et au Canada. En règle générale, les étudiants qui partent se former à l'étranger reviennent s'installer au pays. « La situation est tellement attractive ici, plaisante le directeur pédagogique de la faculté . Le seul dilemme qui se pose à nos étudiants, c'est le choix de la couleur de leur voiture. »
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