Les effectifs des ophtalmologistes libéraux, au nombre de 5 800 en 2014, devraient décroître jusqu’à 5 000 médecins à l’horizon 2024, pour connaître à nouveau une augmentation régulière, selon le SNOF qui veut croire à une « pénurie contenue » à moyen terme.
Le Dr Thierry Bour, nouveau président du SNOF, estime que deux facteurs permettront à la démographie de cette spécialité de retrouver des couleurs et aux praticiens de faire face à la demande de soins en progression constante (25 millions d’actes en 2000, 38 millions en 2012 et 42 millions prévus en 2020).
Le secteur I insuffisant
La délégation de tâches est la piste principale. Les protocoles de délégation sont déjà une réalité dans la profession : 30 % des ophtalmos exerçant en secteur II emploient un orthoptiste (contre 10 % de ceux exerçant en secteur 1). En 2000, à peine une centaine de spécialistes travaillaient avec un orthoptiste, ils sont entre 1 300 et 1 600 aujourd’hui. Le SNOF estime que pour répondre à la demande de soins oculaires, les délégations devront concerner 80 % des ophtalmologistes (tous secteurs confondus) d’ici à dix ans.
Problème : un orthoptiste coûte environ 50 000 euros par an à son employeur (salaire plus charges). Selon le SNOF, les tarifs actuels du secteur I (45 % de la spécialité) ne permettent pas ces embauches. L’assurance-maladie devra accompagner financièrement ce travail aidé, prévient le syndicat.
Une expérimentation probante a été menée en Pays de Loire entre octobre 2013 et mars 2014, visant à réduire les délais d’attente : 789 patients ne nécessitant qu’une simple prescription de lunettes ont été vus par l’orthoptiste et non par le praticien. Celui-ci contrôlait en aval le dossier et les examens effectués, et adressait l’ordonnance au patient dans un délai de huit jours. Bilan : les délais de prise en charge sont passés de plusieurs mois à 15 jours avec un taux de satisfaction des patients de plus de 97 %.
Le projet, soutenu par le ministère, devrait être rapidement validé par la Haute autorité de santé (HAS).
Si l’assurance-maladie autorise une cotation CCAM spécifique, précise le SNOF, la généralisation de ce protocole pourrait se faire dès 2015.
Des zones encore sous tension
Autre coup de pouce salutaire : les créations de poste à l’examen classant national (ECN). « Le SNOF s’est battu pour que le nombre d’internes en ophtalmologie soit revu à la hausse », se réjouit le Dr Thierry Bour. Résultat, le numerus clausus de la spécialité est déjà passé de 106 à 150 internes par an entre 2010 et 2014 (il faudrait en former 200 chaque année, selon le syndicat).
À ce stade, la démographie de la discipline reste sous tension. En 2014, le nord de la France (à l’exception de l’Ile-de-France) affichait une densité allant de 6 à 8 ophtalmos pour 100 000 habitants... Mais à la faveur du travail aidé et des mesures du gouvernement sur les postes d’internes, le syndicat juge possible que la situation s’améliore sensiblement « d’ici à moins de 10 ans ».
Il faudra aussi, suggère le syndicat, que la France continue à accueillir des ophtalmos étrangers au même rythme qu’actuellement (30 par an) et encourager la poursuite de l’activité au-delà de 65 ans.
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