C E n'est pas pour fuir son siècle que Chen Kaige s'est replongé dans un des épisodes fondateurs de la Chine. De ses héros, tirés des livres d'histoire, il dit que « bien qu'ils vécurent il y a plus de 2 000 ans, ils ne sont pas si différents de nous (...) Tout comme nous, ils étaient confrontés à des choix essentiels : le pouvoir contre la liberté, la guerre contre la paix, l'amour contre la haine ».
Ces héros, ce sont Ying Zheng, le roi de Qin, qui, après avoir conquis les royaumes de Han, Zhao, Yan et Qi, devint le premier empereur de Chine ; la dame de Zhao, amoureuse du roi et qui se retourne contre lui lorsqu'il devient trop sanguinaire ; Jing Ke, l'assassin du titre, sans doute le personnage le plus humain du film ; Lu, le Premier ministre ; la reine mère...
Le réalisateur explique encore qu'il n'avait pas l'intention de « faire une thèse, mais plutôt de tenter une approche...shakespearienne du récit, dans le sens où ce film n'est pas une reconstitution historique, mais plutôtune interprétation ». Et c'est bien à Shakespeare que l'on pense en assistant à des impitoyables intrigues de palais, en voyant ces familles qui s'entre-tuent ou ces traîtres prêts à tout. Il y a du grand spectacle hollywoodien aussi dans ces grandioses reconstitutions de batailles aux nombreux figurants sans parler d'une musique plus occidentale qu'asiatique.
On suivra donc « l'Empereur et l'assassin », malgré sa longueur et quelques complications historiques difficiles à comprendre*, pour trois raisons : son côté tragédie shakespearienne dans ce qu'elle a de meilleur, sa somptuosité et sa personnalité chinoises et sa mise en scène alliant l'épopée aux drames intimes. Et s'il en fallait encore une, de raison, on n'aurait garde d'oublier Gong Li, dont c'est l'un des plus beaux rôles.
C'est une histoire finalement banale que nous raconte Chen Kaige : celui d'une conquête du pouvoir qui laisse souffrances et morts sur son passage. Une histoire qui n'a cessé de se répéter.
* En compétition à Cannes en 1999, le film sort sur les écrans français dans une version doublée à laquelle ont participé des spécialistes de l'histoire et de la culture chinoises pour en faciliter l'accès au plus grand nombre.
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