Après neuf mois de fonctionnement, les premières données provenant du registre de prise en charge préhospitalière de l'infarctus du myocarde (IDM) en région francilienne ont été présentées par le Dr Claude Lapandry (président du comité scientifique du registre et responsable du SAMU Seine-Saint-Denis), lors des 11es Journées européennes de la Société française de cardiologie, à Paris.
Ces résultats préliminaires portent sur 1 604 patients pris en charge au sein des 8 SAMU d'Ile-de-France, par les équipes médicales de 40 SMUR et par les pompiers de Paris - ce qui représente tout « le préhospitalier » - dans un délai de vingt-quatre heures après la douleur thoracique.
68 % des patients (soit 1 090) bénéficient d'une décision stratégique de désobstruction. Dans 60 % des cas, il s'agit d'une angioplastie de première intention, réalisée dans l'un des 50 centres d'Ile-de-France, et 40 % des patients sont thrombolysés. « Cette répartition des stratégies thérapeutiques s'effectue à juste titre, explique le Dr Lapandry, puisquel'angioplastie donne globalement de meilleurs résultats. »
36 % appellent le 15
L'âge médian des patients est de 61 ans, 5 % ont moins de 40 ans, 76 % sont de sexe masculin. Seulement 36 % des patients qui présentent une douleur thoracique appellent directement le 15, donc, le SAMU ; un quart passe par l'intermédiaire du médecin généraliste ; les autres appels sont destinés au cardiologue ou à l'hôpital.
« On s'aperçoit d'emblée que les appels en direction des SAMU restent très insuffisants », commente le Dr Lapandry. La moitié des patients a appelé moins de deux heures après l'apparition de la douleur, 67 % des patients avant la 4e heure et 75 % avant la 6e heure. Le délai médian de prise en charge, après l'appel au SAMU, est de dix-neuf minutes. Les délais relevés pour les stratégies de recanalisation, depuis l'apparition de la douleur, sont respectivement de 107 minutes pour l'appel au SAMU, de 125 minutes pour l'instauration de la thrombolyse préhospitalière et de 220 minutes pour la ponction en cas d'angioplastie de première intention.
L'analyse détaillée des délais de réalisation de l'angioplastie montre que dans les circonstances où le patient n'accède pas directement à la salle de cathétérisme, le retard de réalisation de la ponction atteint 64 minutes.
Les traitements associés sont, pour 85 % des patients, un antiagrégant, pour 63 %, un dérivé nitré, pour 77 %, de l'héparine ; une analgésie n'est retrouvée que dans 33 % des cas et un bêtabloquant, dans 5 %. Le taux de décès non précisé reste, selon le Dr Lapandry, inférieur à 1 %.
Les appels dirigés vers le SAMU émanent des patients les plus jeunes. De la même façon, les appels les plus précoces sont destinés en priorité au 15.
En corollaire, le délai entre la première douleur et l'appel est plus long chez les sujets plus âgés, au-delà de 70 ans. Enfin, les femmes âgées qui restent moins sensibilisées et semblent moins informées sur la prise en charge de l'IDM appellent tardivement et rarement le SAMU.
Confidentialité et exhaustivité
Ce registre d'évaluation de la stratégie thérapeutique de l'infarctus aigu du myocarde (ESTIM) a été mis en place le 1er avril 2000. La démarche réalisée sous l'égide de l'Agence nationale d'hospitalisation constitue une première en France. Tous les patients pris en charge par les SAMU donnent lieu à une fiche de recueil de tous les paramètres fondamentaux pour la prise de décision : des divers délais depuis l'apparition de la douleur jusqu'à l'application d'une thérapeutique spécifique de recanalisation, des modalités d'appel au SAMU, des données démographiques, des thérapeutiques appliquées, de la destination des patients et des résultats sur la perméabilité. Toutes les garanties liées à un registre ont été réunies : accord de la commission nationale Informatique et Libertés (CNIL), enquête d'exhaustivité, évaluation qualitative par audit externe et interne, confidentialité et comité scientifique.
« Le recueil de ces premiers résultats concernant la prise en charge sera suivi de données sur la perméabilité, donc l'efficacité, poursuit le Dr Lapandry . Nous souhaitons également comparer la prise en charge de l'IDM aigu par le SAMU avec celle des infarctus arrivant directement dans les services de cardiologie. »
Enfin, il est prévu d'étendre ce type de registre dans d'autres villes françaises, notamment à Lille, Toulouse et Marseille, afin d'obtenir une cartographie nationale de la prise en charge préhospitalière de l'infarctus.
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