L ORSQUE l'immunothérapie spécifique (IT) des pollinoses est réalisée par voie injectable, elle est effectuée selon des modalités diverses reposant sur des habitudes d'école. Elle comporte, en outre, le risque de réactions systémiques sévères. D'où la place de choix de l'immunothérapie spécifique locale qui fait l'objet d'études depuis une dizaine d'années. Ces travaux ne rapportent aucun effet indésirable sévère, ni chez l'adulte ni chez l'enfant de plus de 5 ans. Cette stratégie est aussi mieux acceptée car moins contraignante et moins douloureuse (nombreux sont les patients qui détestent les piqûres).
L'immunothérapie par voie sublinguale a été calquée de manière très prudente sur l'IT par voie sous-cutanée et, à l'heure actuelle, les doses cumulées d'allergènes sont 100 à 500 fois plus élevées que celles de la voie injectable.
Son efficacité, traduite par une réduction significative des symptômes et de la consommation des médicaments symptomatiques, a été démontrée dans plusieurs essais cliniques en double aveugle versus placebo, pour les pollens (graminées, bouleau, olivier, pariétaire) et pour les acariens. En revanche, il y a encore peu d'études comparant la voie sublinguale à la voie injectable.
Une étude récente sur l'allergie au pollen du bouleau
Le Dr Hans-Jorgen Malling, un des pionniers en matière de désensibilisation spécifique, a présenté son étude récente concernant l'allergie au pollen du bouleau. Elle porte sur 71 patients dont les scores symptômes/consommation de médicaments ont été établis au cours de la saison du prétraitement, afin de pouvoir tenir compte de la variation de la quantité des pollens du bouleau. Comme le montrent les résultats, il n'y a pas de différence dans les scores symptômes/médicaments entre les groupes de patients qui ont reçu soit l'IT sous-cutanée, soit l'IT sublinguale à forte dose d'allergènes (200 fois plus élevée que celle administrée en IT sous-cutanée). En revanche, le profil d'effets secondaires était en faveur de l'IT sublinguale. Cela dit, il reste encore des interrogations quant à son efficacité à long terme et à son effet préventif sur le développement de nouvelles sensibilisations (ces effets ont été déjà reconnus par l'OMS pour l'IT injectable).
Des règles de bonne pratique
Selon le Dr Claude André, grâce à une base scientifique désormais solide, on peut proposer des règles de bonne pratique devant les manifestations d'allergie se traduisant par rhinite, conjonctivite, asthme modéré, éventuellement associés. Le traitement d'entretien est perannuel pour les allergènes perannuels (acariens), et cosaisonnier pour les pollinoses. La dose minimale de l'allergène (Staloral), pour assurer l'efficacité, est de 10 gouttes de la concentration dosée à 300 IR par jour ou 20 gouttes 3 fois par semaine. Par ailleurs, la montée des doses peut être rapide, ce qui permet un traitement tardif et, en cas d'interruption, le traitement peut être repris à la même concentration.
Lorsqu'on s'intéresse à l'évolution de la pratique, en analysant les dix études cliniques utilisant Staloral dans les pollinoses, on voit qu'en 1991 la progression des doses se faisait en 40 jours, débutant à 1 IR pour culminer à 20 gouttes à 100 IR ; tandis qu'en 2000, on parvient à une dose de 100 IR en 4 jours et à 300 IR en 10 jours. Ainsi, les doses cumulatives mensuelles des traitements d'entretien sont passées de 1 500 IR à 9000 IR par mois. Comme l'a conclu le Dr Martine Grosclaude, l'IT par voie sublinguale a fait la preuve de sa sécurité et de son efficacité, et cela dès la première année de traitement. La possibilité d'un traitement vraiment saisonnier et court, en débutant peu de temps avant la saison des pollens, ouvre des perspectives notamment chez les adolescents dont la compliance pose problème en particulier.
D'après les communications des Drs Hans-Jorgen Malling (Danemark), Claude André (Stallergènes, Antony), Pascal Demoly (Montpellier), Martine Grosclaude (Guilherand Granges). Symposium satellite Stallergènes-DHS, dans le cadre des Journées parisiennes d'allergie 2001
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