Une réalité. L'origine respiratoire de la dyspnée est souvent méconnue ; la dyspnée est trop souvent ignorée. « Pourtant, c'est un des principaux symptômes du handicap respiratoire modifiant la tolérance du sujet à l'effort, souligne le Pr Racineux. Mais sa révélation est trop fréquemment tardive. Trois raisons principales à cet état de fait : la première est que le patient exprime difficilement cette gêne fonctionnelle respiratoire, sans doute parce que l'expérience de la dyspnée n'est pas un phénomène partagé, la deuxième est que ce dernier adapte ses efforts en fonction de sa dyspnée, la troisième met en cause le médecin qui n'entend pas toujours la plainte de son patient. Les facteurs psychosociaux peuvent modifier la perception et l'expression de la dyspnée. » Dans ce contexte, la réalisation d'explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) doit permettre une prise en charge plus précoce et adaptée du handicap respiratoire, notamment chez les sujets qui présentent des facteurs de risque professionnel, environnemental et tabagique. « En effet, explique le spécialiste, les EFR permettent une évaluation objective du handicap respiratoire, elles explorent le soufflet thoraco-pulmonaire, la dyspnée étant la traduction d'un désaccord entre la demande ventilatoire et les possibilités du soufflet thoraco-pulmonaire. » Malheureusement, ces examens, selon l'expérience du Pr Racineux, sont très peu prescrits, sans doute parce qu'ils sont mal enseignés au cours de la formation médicale initiale, mais aussi « parce que les pneumologues ne défendent pas assez la place irremplaçable des EFR dans l'évaluation et la prise en charge du handicap respiratoire ».
Le soufflet thoraco-pulmonaire est exploré grâce à une simple spirométrie qui mesure les volumes et les débits pulmonaires. « La réalisation de cet examen suppose un savoir-faire pour que les résultats obtenus soient bien interprétables », tient à préciser le Pr Racineux. Les EFR précisent le mécanisme du handicap respiratoire et celui-ci peut être lié à la réduction des volumes pulmonaires (maladie neuromusculaire, poumon trop rigide, déformation de la cage thoracique) et/ou à une diminution des débits dans les voies aériennes (obstruction bronchique, diminution de la force élastique, etc.).
Parfois, il existe une discordance entre la gêne respiratoire du patient et les données de la spirométrie. Les investigations doivent alors être plus poussées et comprendre des épreuves d'effort qui mesurent la consommation maximale d'oxygène à l'effort et les capacités maximales du patient. « C'est un bon moyen d'identifier la cause de la limitation du sujet à l'effort, qui peut être d'origine cardiaque, ventilatoire ou encore musculaire », explique le pneumologue.
D'après un entretien avec le Pr Jean-Louis Racineux (CHU d'Angers).
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