Jazz-Rock
Par Didier Pennequin
« Jazz In Paris » (Gitanes Jazz Production/distr. Universal Jazz) est une collection parfaitement unique et originale.
D'abord, parce qu'elle propose, comme son intitulé l'indique, des enregistrements réalisés à Paris par des jazzmen américains et français, dans les mythiques années cinquante-soixante. Avec, en prime, certains disques qui n'avaient jamais encore été réédités en CD. Ensuite, par le choix de ses illustrations. Pour accentuer le côté nostalgique du Paris des deux décennies concernées, le concepteur de la collection, Daniel Richard, est allé rechercher des photos de l'époque. Enfin, le prix : moins de 60 F (une poignée d'euros) pour 50 CD en format digipack.
Au programme donc - et pour résumer l'histoire d'amour qui existait entre le Paname libéré de l'après-guerre, ses clubs, ses caves enfumées, ses égéries et personnalités du moment, et les jazzmen noirs américains fraîchement débarqués - de véritables chefs-d'uvre.
Certains connus, comme Miles Davis, « Ascenseur pour l'échafaud », Dizzy Gillespie, « The Giant », Art Blakey, « Paris Jam Session », ou encore Sidney Bechet avec Claude Luter et ses Lorientais. D'autres à découvrir absolument, comme « Guitar Conception » du guitariste Elek Bacsik, deux très beaux albums du trompettiste Donald Byrd, « Byrd in Paris » et « Parisian Thoroughfare », le somptueux « Exodus » du tromboniste Slide Hampton, l'inédite rencontre entre le contrebassiste hyperméconnu Buddy Banks et Bobby Jaspar (saxo) dans « Jazz de chambre », les saxophonistes Sonny Criss, Guy Lafitte, Zoot Sims (accompagné par le pianiste Henri Renaud), Barney Wilen, Lucky Thomson, ou encore une magnifique leçon de swing donnée par Lionel Hampton à la tête de son « French New Sound », en 1955 (avec notamment un certain Sacha Distel à la guitare). Bref, une collection très attendue pour tous les amateurs d'un jazz historique, représentatif d'une époque à jamais révolue mais à quel point incontournable de nos jours.
Voilà plusieurs années que BMG poursuit, avec sa RCA Victor Gold Series, la réédition d'albums mythiques du jazz moderne (en format digipack et reproduction des pochettes originales), dont certains n'avaient jamais vu le jour en CD.
Dernier arrivage en date, deux monuments du saxophoniste ténor Sonny Rollins, « What's New » (1962) - incluant un titre jusque-là inédit - et « The Bridge » (1962), avec notamment Jim Hall (guitare) ; un très élégant Paul Desmond, « Take Ten » (1961/1963), avec deux prises alternatives ; le toujours flamboyant saxophoniste argentin Gato Barbieri avec « The Third World » (1969) ; Chet Baker dans « Chet Is Back » (1962), et surtout deux albums plus rares comme « Fabulous Phineas » du pianiste Phineas Newborn Jr., gravé en 1958, et celui des légendaires Four Brothers - Stan Getz, Al Cohn, Herbie Stewart, Serge Chaloff - « Together Again » (1957). Une belle fin de siècle jazzy.
Muddy Waters : pierre qui roule...
Ironiquement, le bluesman Muddy Waters a enregistré voici un demi-siècle exactement - en février 1950 - une chanson qui a donné son titre à un grand magazine américain spécialisé dans la musique, au plus ancien groupe de rock de la planète et à une composition de Bob Dylan. Ce thème est désormais historique : « Rollin' Stone ».
Cette reconnaissance éternelle est vraisemblablement la marque de fabrique de Muddy Waters (en français : eaux boueuses), de son vrai nom McKinley Morganfield (1915-1983).
Cette pièce légendaire et bien d'autres figurent sur une excellente anthologie intitulée , « Rollin' Stone/The Golden Anniversary Collection » (MCA/Chess/Universal - 2 CD), regroupant des morceaux enregistrés entre 1950 et 1952 pour le label des frères Chess à Chicago. Ces retrouvailles permettent de mieux situer l'apport de Muddy Waters au blues et surtout, une décennie après, aux jeunes blancs anglais qui allaient révolutionner le rock. Car, de John Mayall, « père » du blues anglais à Eric Clapton en passant surtout par les Rolling Stones, tous ont, à un moment donné, puisé dans le répertoire de Muddy Waters pour construire soit leur style à la guitare soit leur personnalité musicale.
Une formidable reconnaissance pour cet homme originaire d'une plantation du delta du Mississippi, devenu une source d'inspiration et de vénération. Très connu du monde du blues américain dans ces années là, McKinley Morganfield est devenu une véritable star grâce à quelques futurs héros. La légende veut que ce soit en 1958 que Mick Jagger et Brian Jones auraient décidé de leur aventure musicale en écoutant le guitariste/chanteur.
Un demi-siècle après, ce blues élémentaire n'a rien perdu de sa force et de son aura.
Quelques millionnaires du disque en Europe
Si, traditionnellement, les Anglo-Saxons (Anglais et Américains) se partagent le gâteau (financier !) des disques qui ont très largement atteint ou dépassé le cap du million d'exemplaires vendus en Europe au cours de l'année écoulée, deux artistes français figurent au palmarès : Patrick Bruel et Hélène Segara.
Le premier, qui a fait un retour spectaculaire au printemps avec un nouvel album après des années de silence ; la seconde, qui bénéficie incontestablement de l'effet « Notre-Dame de Paris » et du silence forcé de deux autres voix francophones (Céline Dion et Lara Fabian).
Les autres grands triomphateurs sont essentiellement des vétérans des années 1960/1970, à l'image des Beatles, dont le dernier CD, « 1 » (EMI), florilège des numéros uns du groupe de Liverpool, s'est vendu à 3 millions d'exemplaires en une semaine et a atteint la première place des meilleures ventes - pour changer ! - simultanément dans les 15 pays de l'UE ; du guitariste Carlos Santana, qui a vendu pas moins de 5 millions de copies de son formidable « Supernatural » (EW), et enfin, de Madonna, la nouvelle jeune mariée qui, avec son dernier CD très dance, « Music » (WEA), a crevé le plafond des 3 millions de disques vendus.
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