« B IEN que cette première étude soit conduite chez un petit nombre de patients, les résultats dépassent largement nos attentes », commente le Dr Keith Black (Cedars-Sinai Medical Center, Los Angeles, CA) dans un communiqué. « Les gliomes malins sont des tumeurs extrêmement fatales. Même avec un traitement agressif, incluant une résection chirurgicale suivie d'une radiothérapie et d'une chimiothérapie, la durée moyenne de survie est inférieure à un an. Or la survie moyenne des patients qui ont reçu le vaccin de cellules dendritiques a été significativement prolongée. Evidemment, à l'heure qu'il est, nous ne pouvons pas proposer un traitement curatif pour ces cancers dévastateurs, mais les résultats de cette étude précoce sont très encourageants. Il est évident que nous allons dans la bonne direction et des études supplémentaires seront conduites pour cibler les cellules tumorales encore plus efficacement. Cela n'est qu'un début, mais un début prometteur avec des résultats visibles », ajoute-t-il.
L'une des raisons pour lesquelles les gliomes sont extrêmement agressifs et mortels est qu'ils échappent à la détection du système immunitaire, et se développent ainsi sans entrave. Ils présentent peu d'antigènes au système immunitaire, en partie en raison d'une régulation négative des molécules costimulatrices B7 qui sont requises pour l'activation directe par la tumeur des cellules T cytotoxiques.
Présenter les antigènes tumoraux au système immunitaire
La stratégie du vaccin de cellules dendritiques consiste donc à utiliser les cellules dendritiques - les puissantes cellules qui ont pour fonction de présenter les antigènes - afin de présenter les antigènes du gliome au système immunitaire. C'est une stratégie d'immunothérapie active.
L'essai de phase I a porté sur 7 patients ayant un glioblastome multiforme, qui ont subi une résection chirurgicale et une radiothérapie. Les patients ont reçu trois vaccinations intradermiques toutes les deux semaines (J0, J14, J28). Une semaine avant chaque vaccination, quelques millilitres de sang ont été prélevés chez chaque patient afin de produire en culture des cellules dendritiques autologues. Puis, la veille, ces cellules dendritiques autologues ont été exposées aux antigènes tumoraux autologues (CHM de classe I), préalablement obtenus à la surface des cellules cultivées du gliome ; l'ensemble de la culture a été soumis à un rotateur tissulaire pour faciliter l'interaction.
Réponse cytotoxique T
Les investigateurs ont étudié les effets immunologiques et les effets cliniques (toxicité et survie) de cette vaccination. La vaccination a bien réussi à déclencher une réponse cytotoxique T systémique contre les cellules autologues du gliome chez 4 des 7 patients. De plus, ces cellules T cytotoxiques migrent bien vers leur cible intracérébrale. En effet, 2 des 4 patients, qui furent de nouveau opérés après la vaccination, présentent une franche infiltration intratumorale des cellules T cytotoxiques (CD8+) et des cellules T mémoire (CD45RO+), infiltration qui n'existait pas lors de la première résection chirurgicale. La vaccination est bien tolérée. Enfin, elle semble prolonger la survie, qui est en moyenne de 455 jours chez les 7 patients, contre 257 jours dans un groupe témoin de 42 patients ayant un glioblastome récent traité de façon conventionnelle (chirurgie plus radiothérapie) dans le même hôpital.
Un essai de phase II en cours
Des essais cliniques utilisant l'immunothérapie active avec cellules dendritiques ont déjà été effectués pour 4 autres cancers - le lymphome, le mélanome, le cancer de la prostate, et le cancer rénal (« le Quotidien » du 29 février 2000) -, mais cet essai de phase I est le premier pour le gliome malin. Un essai de phase II est en voie pour confirmer si cette stratégie peut effectivement induire une réponse antitumorale et améliorer la survie des patients.
« Cancer Research », 1er février 2001.
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