Quand les articulations font mal

Gérer la douleur chronique

Publié le 11/05/2015
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L’arthrose, phénomène chronique, engendre des douleurs fréquentes voire au long cours, inflammatoires ou mécaniques, qui peuvent être soulagées au moyen de mesures à la fois préventives, compensatoires (pendre appui sur une jambe non douloureuse, par exemple), ou symptomatiques incluant les traitements médicamenteux.

Tout particulièrement chez les séniors, la prévention de la douleur arthrosique passe en premier lieu par la lutte contre la prise de poids et la sédentarité. La sédentarité pose un problème pseudo-paradoxal comme le rappelle le Dr Gérard Mick, médecin coordonnateur de l’Unité d’évaluation et de traitement de la douleur au Centre hospitalier de Voiron (Isère) : « Bouger peut faire mal, mais ne pas bouger va favoriser la dégradation articulaire. » Mobiliser ses articulations en cas d’arthrose peut en effet être douloureux, ce qui incite à limiter certaines activités quotidiennes et sportives, favorisant notamment la prise pondérale. Or, le surpoids en cas d’arthrose aggrave la problématique mécanique douloureuse, d’où l’intérêt de cibler chez les séniors une activité physique afin d’entretenir, entre autre, le fonctionnement articulaire, comme par exemple avec l’éducation physique et gymnastique volontaire (EPGV) ou l’Activité physique adaptée (APA).

Faire bon usage de l’antalgie

« Les médicaments antalgiques doivent être pris à la demande, précise l’algologue, ou de façon régulière pendant un temps limité, celui d’une période hyperalgique. L’usage permanent et continu d’antalgiques chez les séniors est à remettre en cause, parce que les manifestations arthrosiques et, de ce fait la douleur corollaire, varient au fil du temps. » Les recommandations professionnelles* préconisent le paracétamol (jusqu’à 3 g/j) dans la douleur arthrosique légère à modérée du sujet âgé, du fait d’une bonne sécurité d’emploi. En seconde ligne, lors des poussées aigües inflammatoires, l’usage d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à la posologie minimale efficace est possible, sur une courte période de quelques jours à plusieurs semaines, en s’assurant de l’absence d’interactions médicamenteuses et de comorbidités, principalement rénales et cardiaques. « On ne doit pas s’interdire d’utiliser les AINS, conseille le Dr Mick, mais le suivi médical de leur usage est impératif. » Lorsque la douleur devient sévère, la morphinothérapie à faible dose pendant une courte période peut procurer un soulagement significatif quand les autres traitements s’avèrent inefficaces. Les opioïdes faibles (antalgiques de palier 2 de l’OMS : tramadol ou codéine), voire les opioïdes forts à faible dose (oxycodone, sulfate de morphine) limitent aussi, la plupart du temps, la douleur arthrosique. Quant aux infiltrations intra-articulaires de corticoïdes, elles peuvent permettre de passer un cap en cas d’épisode inflammatoire focal. Enfin, dans certains cas, lorsque le patient n’est pas en situation de bénéficier d’un remplacement prothétique (genou) ou tolère mal les antalgiques, la viscosupplémentation par injections d’acide hyaluronique peut s’avérer utile à titre antalgique au long cours, agissant au niveau de la fonction articulaire elle-même.

À noter, certains médicaments fréquemment employés en prévention de l’arthrose (chondroïtine sulfate, extrait d’avocat-soja) n’ont pas, en revanche, démontré d’efficacité significative sur la composante douloureuse de l’arthrose.

*HAS-2014, EULAR-2013

Source : Le Quotidien du Médecin: 9411