UNE EXPLOSION retentit, puis une autre, une fumée verte s’élève. Panique à la terrasse de café bondé, on appelle les secours, la cellule Nrbc (nucléaire, radiologique, bactériologique, chimique) de la gendarmerie est mise en alerte.
H + 10 minutes, les hommes du 2e groupement de gendarmerie mobile interviennent, un périmètre de sécurité est installé, la population évacuée, la zone, éventuellement contaminée, est isolée.
H + 20 minutes, deux hommes de la cellule Nrbc, revêtus de gants, de chaussons et d’une combinaison de Butil, équipés d’un appareil respiratoire isolant, entrent dans la zone de contamination en vue d’effectuer des prélèvements liquides, solides et gazeux. Le but : déterminer s’il y a présence d’agents chimiques ou bactériologiques.
Jusque-là, rien de nouveau dans le scénario d’attentat chimique ou bactériologique présenté par le groupement blindé de gendarmerie mobile au camp de Satory, dans les Yvelines.
L’innovation réside dans l’étape suivante : les échantillons sont acheminés par les hommes qui les ont prélevés, au tout nouveau véhicule d’intervention biotox-piratox (Vibp), un laboratoire mobile capable de détecter toute substance chimique ou bactériologique, stationné au plus près de la zone contaminée. Fini le conditionnement nécessaire au transport de matières hautement dangereuses, économisé le temps de transport vers les quelques laboratoires de la gendarmerie ou de l’armée habilités à effectuer ce type d’analyse, situés souvent à des centaines de kilomètres.
La réponse en une heure ou moins.
Le laboratoire du Vibp, espace confiné monté sur un châssis de camionnette « civile », est équipé de systèmes d’analyse ultraperformants : spectrométrie infrarouge à transformée de Fourier et chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse, pour la chaîne de détection chimique ; analyse immunologique fondée sur des tickets détecteurs et analyse par amplification d’ADN en temps réel, pour la chaîne de détection biologique.
«Intégrer sur une plate-forme unique une chaîne de détection biologique et chimique est une première nationale», s’enorgueillit l’ingénieur-général Norbert Fargère, de la délégation générale à l’armement. Selon le type d’agent, chimique ou bactériologique, à analyser, la réponse est obtenue entre une demi-heure et une heure, affirme-t-il.
Le véhicule d’intervention biotox-piratox peut être aéroporté et se rendre en trois heures dans n’importe quel point du territoire national. Il restera basé pour le moment à Satory, proche de l’aérodrome militaire de Vélizy-Villacoublay.
Sa mobilité, sa rapidité d’intervention, son autonomie, devraient permettre de gagner des heures précieuses : «Face à ces dangers, chimique, bactériologique, le temps gagné, ce sont des vies sauvées. Avec des résultats obtenus pratiquement sur place, on est capable beaucoup plus rapidement d’orienter les équipes de premier secours vers les traitements adéquats», explique le lieutenant Edwige Blandin.
La principale difficulté, poursuit la responsable de la cellule nationale Nrbc de la gendarmerie, tient au fait que le Vibp ne doit pas entrer dans la zone contaminée. «Cela, afin d’éviter la longue décontamination que doit subir ce type d’engin. Cela garantit ainsi sa mobilité, sa rapidité d’intervention en cas d’attaque simultanée par exemple.» La question délicate est donc de déterminer le périmètre de la zone contaminée et de faire en sorte de rester en dehors. Le périmètre est établi en fonction du vent, du relief, de l’environnement ; à bord du laboratoire mobile une petite station météo et des logiciels permettent de faire évoluer le tracé.
Eviter la panique en cas de fausse alerte.
La mise au point de ce véhicule est liée à l’évolution de la nature de la menace terroriste et à la nécessité d’y faire face avec des moyens toujours plus rapides et performants, a déclaré Michèle Alliot-Marie. Le colonel Thierry Cailloz, commandant du groupement blindé de gendarmerie mobile, précise que le Vibp peut également être positionné à titre préventif, comme cela aurait pu être le cas lors des commémorations du débarquement ou lors du sommet de l’Otan à Nice en 2005. «En cas de fausse alerte, ce laboratoire mobile permet de lever le doute très rapidement et donc d’éviter les mesures toujours très lourdes et mal vécues par la population que sont les évacuations massives. Cela permet ainsi d’éviter les paniques inutiles et de faire baisser le niveau de stress dans la population générale.»
Le Vibp a coûté 3,4 millions d’euros, somme comprenant la maintenance pendant les cinq premières années.
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