Fumées noires sur la cigarette électronique

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Publié le 08/11/2019
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

N’en jetez plus ! Après les pneumologues européens, c’est au tour des cardiologues de prendre le relais sur les risques liés à l’usage de l’e-cigarette. Une étude publiée ce milieu de semaine dans Cardiovascular Research, une revue de la Société européenne de cardiologie (ESC) tire la sonnette d’alerte.

Stress oxydatif et particules fines dangereuses pour le système CV

Selon les auteurs qui ont réalisé un bilan des études déjà publiées, les constituants des aérosols de l’e-cigarette auraient des effets négatifs sur le système cardio-vasculaire, qu’il s’agisse de la nicotine, des composés carbonylés, des particules, des métaux et des arômes. « Les études sur la pollution atmosphérique nous ont appris que des particules fines (moins de 2,5 microns) pénètrent dans la circulation et ont des effets directs sur le cœur. Les données sur les cigarettes électroniques vont dans cette direction », a déclaré le professeur Loren Wold, de l'Ohio State University (Columbus, États-Unis) et auteur principal.

Bien que les données soient rares, des travaux récents ont aussi suggéré que l'utilisation de la cigarette électronique était associée à une inflammation, à un stress oxydatif et à un déséquilibre hémodynamique entraînant un risque accru de maladies cardiovasculaires. La nicotine augmente la pression artérielle et le rythme cardiaque. Les composés carbonylés et les agents oxydatifs provoqueraient un raidissement des parois artérielles et une inflammation systémique.

« L'un des défis de l'étude des effets sur la santé des cigarettes électroniques est que les ingrédients et le mode de délivrance ne sont pas normalisés. (...) Nous ne pouvons pas supposer que des ingrédients comme le propylène glycol, la glycérine et les arômes, qui sont inertes lorsqu'ils sont ingérés par voie orale, ont les mêmes effets lorsqu'ils sont inhalés », précise le document.

La période de la grossesse également évoquée

Selon les experts, trop peu d'études existent pour conclure que les femmes enceintes peuvent vapoter sans danger. Le premier auteur, M. Nicholas Buchanan, de l'Ohio State University a déclaré : « la recherche sur les animaux montre des effets négatifs sur le développement de la progéniture ». Le document appelle à davantage d'études sur les effets cardiovasculaires de l'exposition à la cigarette électronique in utero afin d'examiner leur sécurité perçue en tant que méthode de sevrage du tabac pendant la grossesse.

Le cas d'un adolescent anglais en insuffisance respiratoire aiguë

Jeudi, c’était au tour des Archives of Disease in Childhood de faire état d’un cas d’insuffisance respiratoire aiguë compliquée d’une défaillance cardiaque survenue chez un adolescent de 16 ans bien portant. Le seul facteur potentiellement déclenchant était la consommation d’e-cigarette dans le mois qui précédait cette défaillance viscérale. Les auteurs de l’article précisaient qu’aucune mauvaise utilisation ou détournement du dispositif n’a été identifiée.

Les trois quarts des Français estiment la vape plus risquée que le tabac

Dans ce concert de mauvaises nouvelles pour la vape, les autorités sanitaires vont-elles encore pouvoir se taire longtemps ? D’autant que l’opération Mois sans Tabac bat son plein. Il est fort à parier que la seule surveillance qu’exerce désormais Santé Publique France ne suffise pas à calmer les esprits. Et réaffirmer que la législation européenne et française sur les cigarettes électroniques sécurise davantage les usages, sera certainement vain.

Un sondage européen récemment réalisé par Odoxa pour France Vapotage indique que les Français, inquiets et en pleine confusion, expriment le besoin d’être rassurés et demandent à 91 % un meilleur encadrement des produits du vapotage. Si 57 % des Français interrogés estiment que le vapotage est un moyen efficace pour réduire la consommation de tabac (et 40 % pour arrêter), 6 sur 10 pensent qu’il ne faut pas privilégier la cigarette électronique par rapport au tabac. Plus encore, près des ¾ des Français pensent que le vapotage est aussi voire plus risqué que la consommation de tabac : 56 % des Français « aussi risqué », 17 % « plus risqué ».

France Vapotage estime que l’« État doit, sans attendre, mettre en place un cadre réglementaire spécifique et adapté afin que les consommateurs soient mieux informés sur le vapotage et son efficacité pour diminuer la prévalence tabagique ».


Source : lequotidiendumedecin.fr