Théâtre

Expérience de laboratoire

Publié le 24/03/2016

Crédit photo : Laurencine Lot

Anatoli Vassiliev, chimiste de formation, est l'un des grands prêtres du théâtre contemporain. La représentation, sous son magistère, ne relève pas du divertissement mais plutôt de la cérémonie. Le théâtre devient hautement inflammable. La rencontre avec Marguerite Duras où l'essentiel se joue entre les mots, où le bavardage est exclu, était en quelque sorte écrite. Pour la première fois, sur la scène du Vieux Colombier, nous sont donc livrées sur un plateau les deux versions de la Musica, la première rédigée en 1965 dans le cadre d'une commande de la BCC, la seconde en 1985 interprétée par Miou-Miou et Samy Frey. En 2016, les rôles sont repris par Thierry Hancisse et Florence Viala. Disons-le d'emblée, leur performance atteint un haut niveau. D'autant que le spectacle joue ici sur la variation de l'écriture et donc du jeu pour mieux dévoiler le mystère de la passion au moment où elle est atomisée, à savoir la séparation d'un couple. La trame de la pièce respecte les canons de la tragédie classique, l'unité de temps, de lieu et d'action. Marguerite Duras nous rapporte donc la dernière nuit d'un couple dans un hôtel d'Evreux alors que le divorce vient juste d'être prononcé. Dans un premier temps, la méthode Vassiliev ravit le spectateur par son intelligence du texte, son sens du mouvement, en dépit de quelques afféteries. Mais après l'entracte, cette attention qui est exigée du spectateur le transforme en étudiant de laboratoire sommé d'observer l'attractivité des corps même lorsqu'ils sont séparés. L'expérience devient éprouvante. Dommage. Car le projet artistique hisse ce spectacle nettement au-dessus des propositions actuelles.

La Musica, La Musica deuxième, de Marguerite Duras, mise en scène Anatoli Vassiliev, Théâtre du Vieux-Colombier, jusqu'au 30 avril 2016.

Pour plus d’information : http://www.comedie-francaise.fr/spectacle-comedie-francaise.php?spid=14…


Source : lequotidiendumedecin.fr