L' IMAGERIE par résonance magnétique utilise le signal produit par les ions hydrogènes ou protons placés dans un champ magnétique puissant et stimulés par des ondes de radiofréquence. L'image créée dépend de l'environnement immédiat dans lequel se trouve l'ion hydrogène. Bien que la résonance magnétique nucléaire ait été découverte en 1948, les premiers examens cliniques ont été menés au début des années 1980 (1).
Initialement, il était difficile d'imaginer que l'IRM pourrait être utile à l'imagerie des tumeurs mammaires en raison de la similarité des signaux entre les tissus cancéreux et les tissus fibro-glandulaires normaux. Cependant, Heywang, en 1986, démontre qu'après injection intravasculaire d'agent de contraste paramagnétique, les lésions cancéreuses du sein se rehaussaient rapidement en contraste et devenaient différenciables par rapport au tissu parenchymateux normal environnant (2).
Différenciation entre bénin et malin
Le développement des machines et antennes de surface qui améliorent la réception du signal ainsi que les nouveaux logiciels ont permis des techniques d'imagerie plus rapides et par conséquent de plus hautes résolutions. Ces améliorations ont conduit à une meilleure visualisation des contrastes entre les différents tissus et donc une meilleure différenciation entre les pathologies du sein bénignes et malignes. Un certain nombre de séries ont été publiées en Europe et en Amérique du Nord, démontrant la haute sensibilité dans la détection des cancers du sein avec cependant des spécificités très variables (3-10) (Cf. tableau 1).
Le rehaussement du signal de certaines tumeurs bénignes peut poser des problèmes dans l'interprétation de l'image, ce qui explique la faible spécificité. Ces zones anormales peuvent être causées par un certain nombre de lésions bénignes comme les fibro-adénomes et les dysplasies prolifératives bénignes. Ces rehaussements transitoires diffus ou localisés peuvent notamment apparaître juste avant ou pendant les règles. Ainsi, la période optimale pour réaliser l'examen se situe entre le 6e et le 17e jour du cycle (11, 12). De même, l'hormonothérapie de substitution peut causer des rehaussements de signal diffus et/ou focalisés chez au moins 30 % des femmes ménopausées.
De nombreux travaux ont été menés dans le but d'améliorer la spécificité en étudiant les caractéristiques de rehaussement morphologique de ces anomalies. Les succès ont été très variables. Cependant, en dépit de l'inconvénient de cette faible spécificité, l'IRM est considérée comme la technique la plus sensible pour l'examen du sein en pré-ménopause. Il est donc particulièrement intéressant d'effectuer des études chez la femme jeune, asymptomatique, pour déterminer la sensibilité et la spécificité de cet examen.
Comparaison avec la mammographie
De nombreuses études ont été proposées ou démarrées en Europe avec une grande variété de protocoles comparant l'IRM avec injection de produit de contraste et la mammographie conventionnelle en rayons X.
Par exemple, en Angleterre, le screening des pathologies du sein par l'IRM (MARIBS, Magnetic Resonance Imaging for Breast Screening) est une étude multicentrique non randomisée comparative. Cette étude, qui nécessite la détection de 84 tumeurs, compare la mammographie RX et l'IRM en tant que méthode de screening chez les femmes ayant un risque génétique de cancer du sein. Le but de cette étude est de mettre en évidence une amélioration de la sensibilité de 15 % entre l'IRM et la mammographie. Cela demande un recrutement annuel de 250 porteurs génétiques conduisant à un total de 2 800 examens. En tenant compte du pourcentage de mastectomie prophylactique de 4 %, la population examinée inclut à la fois les porteurs de gènes et celles qui portent les mutations BRCA1, BRCA2 ou TP53. Cinq cents femmes seront recrutées annuellement durant trois ans, le dépistage sera effectué jusqu'à cinq ans avec un suivi ultérieur de deux ans. Cela devrait conduire à un total de 6 000 examens de dépistage. Les femmes porteuses de BRCA1 ou BRCA2 seront recrutées entre 30 et 50 ans et les femmes porteuses de TP53 seront recrutées entre 25 et 50 ans.
Cette étude inclut également l'estimation des techniques de santé et l'évaluation psychologique, particulièrement en ce qui concerne l'acceptabilité de l'examen IRM comparativement à la mammographie. Cette étude a démarré en 1998 et se poursuit dans quinze centres en Angleterre et en Europe.
Par ailleurs, un nouveau produit actuellement en phase III clinique (Sinerem) évalue la caractérisation des ganglions lymphatiques (voir photos), notamment dans la région axillaire (15). Ce produit à base de particules d'oxyde de fer est capté par les macrophages et modifie ainsi le signal IRM des ganglions lymphatiques normaux ou inflammatoires. L'absence d'activité macrophagique dans les ganglions métastatiques n'entraîne aucune modification du signal de ces ganglions (16). Cette caractérisation tumorale est particulièrement importante lors du bilan d'extension des cancers du sein pour décider de la décision thérapeutique.
(1) Smith F. W. et coll., « Lancet » 1981 ; 1 : 78-79. (2) Heywang S. H. et coll., « Comput Assist Tomogr », 1986 ; 10 :199-204. (3) Heywang S. H. et coll., « Radiology » 1989 ; 171 : 95-103. (4) Kaiser W. A., Zeiter E., « Radiology » 1989 ; 170 : 681-686. (5) Harms S. E. et coll., « Radiology » 1993 ; 187 : 493. (6) Oellinger H. et coll., « Eur Radiol » 1993 ; 3 : 223-226. (7) Gilles R. et coll., « Radiology » 1994 ; 191 : 625-631. (8) Boetes C. et coll., « Radiology » 1994 ; 193 : 777-781. (9) Orel S. G. et coll., « Radiology » 1995 ; 196 : 115-122. (10) Nunes L. W. et coll., « Radiology » 1997 ; 202 : 833-841. (11) Kuhl C. K. et coll., « Radiology » 1994 ; 193 (P) : 121. (12) Beck R. et coll., « Peters P E, ed. European Congress of Radiology » 93 (Book of abstracts). New York : Springer 1993 : 151. (13) Leach M. O. on behalf of the MR Breast Screening Study Advisory Group. « Proceedings of the International Society of Magnetic Resonance in Medicine », 6th Scientific Meeting, Sydney, Australia, 1998 (ISMRM : Berkeley, California). Vol. 1, p. 226 (1998). (14) Protocol p. 7/4. « Lancet » 1997 ; 350 : 6. (15) Taupitz M. et coll., « Radiology » RSNA ; 1999, vol. 213 suppl. P, p. 369, n. 1172. (16) Roy C. et coll., « Radiology » 1998. vol. 207, pp.. 799-808.
Renseignements pratiques sur le congrès
Ces travaux, de même que ceux sur l'endoscopie réelle par imagerie (« le Quotidien » du 23 janvier), seront présentés lors de la session « Imagerie et cancer » du 11th International Congress on Anticancer Treatment.
Présidents : Pr D. Khayat, Pr G.N. Hortobagyi
Organisateur : Dr D. Buthiau
Chairman : Pr O. Clement
Date : jeudi 8 février 2001 (9 h-12 h)
Lieu : palais des Congrès, Porte Maillot, Paris, salle 342 AB
Renseignements : Europa Organisation. Tél. : 05.34.45.26.45. Fax : 05.34.45.26.46.
Etudes publiées sur l'IRM du sein
AuteurNbreLésionsLésionsSensibilitéSpécificité
patientsmalignesbénignes%%
Heywang (3)15071279865
(1989)
Kaiser (4)191583110097
(1989)
Harms (5)3047279437
(1993)
linger (6)3325168880
(1993)
Gilles (7)14364799553
(1994)
Boetes (8)8365229586
(1994)
Orel (9)166611129288
(1995)
Nunes (10)9446489679
(1997)
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