Europe : les bons élèves de la déradicalisation

Publié le 23/03/2015
Article réservé aux abonnés

Dans le cadre du Réseau de sensibilisation à la radicalisation (RSR- RAN) créé par l’Union européenne, un comité de pilotage évalue les politiques des pays membres. Trois d’entre eux font figure d’exemples :

Allemagne : l’expérience des néonazis

Depuis 2011, Hayat (« vie » en arabe et en turc), un organisme public qui met à profit l’expérience de désendoctrinement acquise auprès des néonazis, a traité avec succès 90 cas d’anciens adeptes de mouvements jihadistes, parmi lesquels une quinzaine rentraient de Syrie. « La clé, explique le directeur de la recherche à l’Institut pour la recherche sur les mouvements radicaux, une structure affiliée à Hayat, c’est de toujours travailler avec les familles pour comprendre les motivations des personnes radicalisées. Plus une famille nous appelle vite, plus nous pouvons être efficaces. Nous essayons d’être le pont entre la personne, la famille, l’école, les intervenants sociaux et les forces policières. » La stratégie d’Hayat consiste à intervenir presque exclusivement auprès des membres de la famille, plutôt que directement au contact de la personne. Ce n’est que lorsque les intentions d’un passage à l’acte malveillant et dangereux sont repérées qu’Hayat alerte les services de police et de renseignement.

Danemark : le modèle Aarhus

Le centre de réhabilitation d’Aarhus a été créé en 2007, sur un modèle non répressif, qui repose sur un suivi psychologique et médical, ainsi que sur la réinsertion sociale à travers les études ou le travail, en lien avec les parents des jeunes. « Notre approche repose sur le dialogue, explique un responsable du centre à Newsweek, l’important étant de s’adapter aux motifs de leur radicalisation. Nous tentons aussi de leur prouver que le jihad est une lecture étriquée du Coran et de les ouvrir à des actions humanitaires. » Le modèle a été reproduit dans d’autres villes, comme Copenhague. En 2013, 30 jeunes danois ont rejoint l’EI ; en 2014, un seul a été repéré. Une délégation parlementaire française s’est rendue à Aarhus, qui pourrait s’inspirer de cette expérimentation jugée « plutôt positive ».

Royaume Uni : le programme « Prevent »

Dès 2007, deux ans après les attentats de Londres, le Royaume-Uni lançait le programme de désendoctrinement « Prevent », qui coordonne les interventions de la police, des médecins, des éducateurs et des associations, pour empêcher les départs vers la Syrie et l’Irak et prévenir la radicalisation. « Prevent » a été renforcé et actualisé en 2011. Le modèle anglo-saxon, en associant policiers et médecins, carotte et bâton, se veut plus « sévère » que celui qui est testé au Danemark, où, selon le « Washington Post », sa réponse s’adresse plus à des terroristes qu’à des rebelles.

Ch. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9397