DEPUIS la traduction de Jean Giono en 1941, on avait l’habitude d’évoquer, concernant le chef-d’oeuvre d’Herman Melville, le combat mortel du capitaine Achab et d’une baleine blanche ; or, selon Philippe Jaworski, qui a traduit le texte pour la Pléiade, le monstre a toujours été du genre masculin : l’auteur s’est inspiré pour le baptiser d’un fameux cachalot blanc qui croisait dans le Pacifique et « Dick » est le diminutif de Richard.
Quoi qu’il en soit, cette parution est l’occasion de relire cette épopée grandiose et tragique qui nous entraîne sur un navire-monde américain avec un personnage métaphysique digne des grandes figures de la tragédie shakespearienne, qui traque un cachalot comme on poursuit un innommable secret, un monstre qui incarne aussi les immaîtrisables violences de la nature.
Dans le volume III de la Pléiade, « Moby Dick » – qui n’a pas connu à sa publication en 1851 le succès des précédents romans de Melville – est complété par « Pierre, ou les Ambiguïtés », publié l’année suivante et qui témoigne de toute la rancoeur et la colère ressenties par l’auteur. Le roman fit sombrer le cachalot dans l’oubli tant il déchaîna de violence et de haine ! Il dépeint les relations « ambiguës » (incestueuses ?) que le héros, apprenti écrivain, entretient avec Lucy, sa fiancée, et avec Isabelle, sa demi-soeur.
Herman Melville, « OEuvres III », la Pléiade (Gallimard), 1 456 p., 53 euros jusqu’au 31 décembre, puis 60 euros.
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