La prévention du diabète de type 2 est possible. Les mesures concernant le mode de vie sont les plus efficaces et peuvent être complétées par une approche pharmacologique, plusieurs médicaments étant de bons candidats. La prévention primaire du diabète passe aussi et avant tout par une réponse sociétale à un problème sociétal. L’expérience française d’EPODE est une approche en ce sens.
DANS LES ÉTUDES évaluant les effets de modifications modérées du mode de vie avec des mesures telles une perte de poids de 5 à 7 %, une activité physique de l’ordre de 30 minutes de marche par jour, une augmentation des fibres alimentaires et une baisse de la consommation d’acides gras saturés, on observe, avec une remarquable constance, une baisse de 50 à 60 % du nombre de nouveaux cas de diabète par rapport aux groupes témoins. C’est le cas de la 6-Year Malmo Feasibility Study en Suède (– 52 %, « Diabetologia » 1991; 34 : 891-898), de la Da Qing IGT and Diabetes Study en Chine (– 42 %, « Diabetes Care » 1997 ; 20 : 537-544), de la Finnish Diabetes Prevention Study en Finlande (– 58 %, « New Engl J Med » 2001 ; 344 : 1343-1350) ou du Diabetes Prevention Program (DPP) aux Etats-Unis (– 58 %, « New Engl J Med » 2002 ; 346 : 393-403).
Toutes ces études prouvent de manière indiscutable l’intérêt d’intervenir sur le mode de vie. Ainsi, dans le bras metformine de l’étude DPP, le risque d’apparition du diabète a baissé de 31 % dans le groupe metformine et de 58 % dans le groupe modification du mode de vie.
Les capacités d’autres molécules à prévenir ou à retarder l’apparition du diabète ont été étudiées. C’est le cas de l’acarbose, par exemple, dans l’étude STOP-NIDDM qui porte sur 1 429 personnes ayant une intolérance au glucose. L’acarbose a diminué le risque de progression vers le diabète de type 2 de 36 %.
Dans l’étude XENDOS, menée avec l’orlistat, le risque d’apparition du diabète de type 2 a baissé de 37 % chez les patients en surpoids traités comparativement au placebo et aux mêmes mesures concernant le mode de vie.
Dans l’étude DREAM, publiée en 2006, 5 200 sujets ayant une intolérance au glucose ont été suivis pendant cinq ans dans 21 pays. L’objectif était de déterminer si la rosiglitazone ou le ramipril pouvaient réduire le risque d’apparition d’un diabète de type 2 lorsqu’ils sont associés à des conseils hygiéno-diététiques. La rosiglitazone a diminué le risque de 62 % par rapport au placebo chez les personnes ayant un prédiabète. Le ramipril n’a pas eu d’effet préventif.
Une nouvelle étude de prévention primaire du diabète va débuter en 2007 avec l’acarbose. Cette étude ambitieuse menée dans 70 centres de Chine et de Hong Kong a pour objectif de vérifier les résultats de STOP-NIDDM en termes de prévention cardio-vasculaire secondaire chez 6 500 individus ayant des maladies cardio-vasculaires et un prédiabète. Les patients vont recevoir l’acarbose ou un placebo pendant un minimum de trois ans. Le résultat final est attendu en 2012.
Changer ses habitudes.
L’IDF (International Diabetes Federation) a pris conscience de la nécessité d’interpeller les institutions et autorités de santé pour lutter contre les maladies liées au mode de vie. Un changement de nos habitudes pourrait éviter près de 80 % des nouveaux cas de diabète et, dans une proportion quasi similaire, la morbi-mortalité coronarienne. La campagne Unite for Diabetes lance un site Internet avec une campagne multimédia (www.unitefordiabetes.org) pour diffuser les connaissances sur le diabète et engager les gouvernements et les autorités publiques à lutter contre la maladie. Une résolution des Nations unies contre le diabète a été votée en décembre en assemblée générale.
Si tout le monde sait ce qu’il faut faire (bouger plus, manger mieux), comment le faire en pratique ? C’est le défi du programme EPODE (ensemble, prévenons l’obésité des enfants) présenté à l’IDF. Ce programme mis en place en 2004 concerne actuellement 10 villes pilotes françaises réunissant 500 000 habitants et une trentaine d’autres villes les rejoindront en 2007. Le concept est d’agir dans les villes au plus près de la vie quotidienne de la population en lui donnant l’information et les moyens de modifier son mode de vie. Le référentiel est le Programme national nutrition santé (Pnns). La cible est la famille et non les enfants ou les individus.
L’ingénierie de projet EPODE consiste à utiliser une multitude d’acteurs locaux pour délivrer le même message santé au même moment à la population. Les résultats préliminaires montrent une large mobilisation des villes, une implication réelle des acteurs locaux et de la population. Les premières tendances vont dans le sens d’une diminution de la prévalence de l’obésité de l’enfant, mais les résultats finaux seront dévoilés dans trois ans.
La prévention devient une priorité majeure des programmes de santé, car c’est le seul moyen de contrer l’épidémie annoncée de diabète et de maladies cardio-vasculaires.
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