Le Fait du Jour
L E Sommet franco-italien de Turin a été l'occasion d'adopter le principe d'une voie ferrée Lyon-Turin comportant un tunnel sous les Alpes d'environ une cinquantaine de kilomètres. Il s'agit d'un projet pharaonique, qui ne sera pas terminé avant quinze ans et qui coûtera au moins 70 milliards de francs.
Mais on peut dire aussi que le projet est indispensable. L'adopter, c'est commencer à appliquer une politique de l'environnement en Europe qui ait un sens ; y renoncer, c'est aggraver la pollution et les nuisances de toutes sortes pour les décennies à venir.
Le projet de tunnel franco-italien est évoqué au moment où l'on songe à remettre en service le tunnel du Mont-Blanc. Les Italiens sont favorables à la fois au statu quo en ce qui concerne le Mont-Blanc et à la percée du tunnel Lyon-Turin. Mais après l'incendie qui a fait des dizaines de morts et une remise en état laborieuse et coûteuse, la démonstration a été faite que le tunnel sous le Mont-Blanc devrait être réservé aux voitures de tourisme. Son accès permet à des milliers de poids lourds de traverser chaque jour une région alpine qui devrait être réservée à l'agriculture et au tourisme. Les habitants de Chamonix, en tout cas, sont terrorisés à l'idée que la lente ascension des camions pourrait recommencer en septembre prochain.
Comme d'habitude, la meilleure raison de rouvrir le tunnel sous le Mont-Blanc et d'y laisser passer les poids lourds est d'ordre économique. C'est encore la route la plus courte, donc la moins coûteuse, qui relie le nord-ouest de l'Europe à l'Europe du Sud et la France à l'Italie. Il n'existe, pour le moment, aucun réseau de ce qu'il est convenu d'appeler ferroutage. Ce n'est pas au bas des Alpes qu'il faut placer les camions sur un train, c'est beaucoup plus au nord de la France et peut-être même de l'Europe, de façon à éviter la pollution non seulement des Alpes, mais de la moitié de l'Hexagone.
On connaît les données du problème : les atteintes contre l'environnement deviennent insupportables en Europe. Les alternatives au réseau routier sont excessivement coûteuses. D'où la tendance des gouvernements, et singulièrement le nôtre, à différer la recherche de solutions antiéconomiques. Mais le très sérieux problème de l'environnement ne sera jamais traité si, dans le calcul des prix, ne sont pas inclus les effets de la pollution. Un réseau de transport des poids lourds par les trains augmenterait le coût de revient des transports de marchandises, et dans des proportions très élevées. Mais l'excès de dépense serait rapidement compensé par les gains en matière de protection de l'environnement, de santé et d'accidents évités. Un jour, qui n'est pas si lointain, on s'apercevra que les grandes migrations automobiles qui ont lieu pendant les vacances sont, elles aussi, intolérables pour l'environnement, et il faudra alors que les Français se décident à prendre le train ou l'avion pour se rendre sur leur lieu de villégiature.
Le train, avenir de l'homme ? A n'en pas douter. Les plus riches loueront une voiture sur place, les autres feront des randonnées, excellent exercice physique.
Cependant, cette révolution semble bien lointaine et, comme une gestion politique exigeant des sacrifices n'est guère populaire, il y a peu de chances qu'elle soit mise en place dans les années qui viennent.
Et pourtant, il y a urgence. La voiture individuelle fonctionnant à l'essence est condamnée à long terme. Nous aurions beaucoup de mérite à nous préparer à cette échéance, plutôt que d'y être forcés un jour par quelque pic de pollution catastrophique qui nous contraindrait à nous priver de nos voitures sans avoir de moyen de transport de rechange.
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