Enfin femme

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P AS de photographie ni de nom de famille sur le livre, pas de sensationnalisme, Jocelyne ne veut pas être cataloguée comme une transsexuelle ; en racontant ses années de désespoir et sa renaissance, elle veut simplement témoigner au nom de ceux et celles qui, comme elle, sont nés dans un corps qui n'est pas le leur.

Demandant pourquoi, le jour de son entrée à l'école primaire, elle n'est qu'avec des garçons, ses parents lui répondent par l'évidence : « Parce que tu es un garçon. »« Un garçon, moi ? C'est absurde, c'est faux, qui peut croire cela ? Je suis ahurie devant cette réponse. Pourtant je me tais. Jene proteste pas. Je m'enfonce dans un silence absolu pour ne plus en sortir. Pendant un demi-siècle, je ne poserai aucune question sur ce sujet. A personne. Ni à mes parents, ni à mes sœurs, ni aux médecins, ni, plus tard, à ma femme. Ce sera l'enfouissement, la douleur totale... »
Cela n'a pas empêché Jocelyne de passer des diplômes tout en travaillant dans une grande entreprise de la banlieue parisienne, d'être élue représentant syndical par ses camarades de travail et de vivre heureuse avec sa femme - «  autant que je pouvais l'être dans mon malheur absolu » -, à qui la lie le même engagement politique et syndical ; c'est Marie qui avait décidé de ne pas avoir d'enfant.
En 1982, lorsqu'elle a 35 ans, Jocelyne découvre, en regardant le témoignage télévisé d'une femme, un médecin ophtalmologue, que son cas n'est pas unique. Elle continue de se taire, mais supporte de moins en moins son état, jusqu'à la dépression et l'envie de se supprimer, en 1996.
Deux ans plus tard, son épouse lui avoue avoir percé son secret et décide de « l'aider » : c'est-à-dire faire tout pour que celui qui s'appelle alors Jean parvienne à se sentir enfin un homme ! L'incompréhension est totale, mais, à partir de ce moment, Jocelyne décide de ne pas rester plus longtemps enfermée dans son secret. Ni sa famille ni ses collègues ne la rejettent, alors elle entreprend la transformation de son corps, jusqu'à l'intervention chirurgicale finale, ce que Jocelyne appelle « l'opération résurrection ». Pour devenir ce qu'elle a toujours rêvé d'être : une femme comme les autres.

Editions Stock, 158 p., 89 F.