« La dermatite atopique (DA) de l’adulte est une affection méconnue mais fréquente : 3 à 4 % des adultes en seraient atteints en moyenne en Europe. Elle survient à tout âge, même de novo après 40 ans », indique la Pr Delphine Staumont du CHRU de Lille.
L’arrivée prochaine des biothérapies est l’avancée attendue depuis le tacrolimus il y a 15 ans, dans cette pathologie qui altère la qualité de vie de façon considérable, et dont les coûts sociaux indirects ont été évalués aux États-Unis comme au moins égaux à ceux du psoriasis. Dans les formes sévères, incontrôlables par les soins locaux, les traitements systémiques bien conduits (classiquement par ciclosporine ou méthotrexate), peuvent aussi être pris en défaut : impasse thérapeutique en raison d’effets indésirables non anodins à long terme chez des sujets jeunes qui devront vivre longtemps avec leur maladie chronique, d’échappements, de rechutes et/ou de non-réponse aux traitements.
L’espoir des biomédicaments
Le premier attendu dans la DA sévère devrait être le dupilumab. Cet anticorps monoclonal anti-IL-4 et IL-13 bloque la sous-unité alpha commune à leurs deux récepteurs. Rappelons que différents mécanismes sont impliqués dans la dermatite atopique : anomalie du gène de la fillagrine qui majore le risque, présence d’auto-anticorps anti-IgE, environnement, microbiotes digestif et cutané et surtout rôle des cytokines dans la cascade inflammatoire. La déficience de la barrière cutanée permet aux allergènes de s’infiltrer dans l’épiderme et active une réponse immunitaire anormale via une surproduction de cytokines IL-4 et IL-13 conduisant à une réponse inflammatoire non contrôlée et chronique de la peau. Les publications prometteuses se multiplient et en France, une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) nominative a été ouverte fin novembre 2016, l’AMM européenne devrait suivre à l’horizon 2019. D’autres biomédicaments sont en développement.
44 % des patients en attente d’un traitement efficace
Aujourd’hui, en France, près de 100 000 patients adultes souffrent de dermatite atopique sévère. Chaque patient subit en moyenne 11 poussées d’environ 17 jours, soit 192 jours par an. Près d’un patient sur deux présente des comorbidités atopiques (40 % asthme, 50 % rhinite allergique). Près d’un patient sur deux est en attente d’un traitement efficace. Pour la Pr Staumont, « il va falloir apprendre à évaluer la qualité de vie de nos patients, ainsi que la sévérité de leurs atteintes, à mettre en route des biomédicaments pour les atteintes sévères qui ne répondent pas aux soins locaux et systémiques, voire à les prescrire avant les traitements actuels systémiques. En effet, même si ceux-ci peuvent avoir une efficacité rapide, leur toxicité freine leur prescription au long cours. Bien sûr, les biomédicaments qui arrivent dans la DA sévère devront trouver une place face à la ciclosporine, et répondre aux considérations médico-économiques, mais ils semblent très prometteurs ».
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