En cas de fibrillation atriale, le NEJM prône la sobriété

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Publié le 07/01/2020
Alcool

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Crédit photo : Burger/Phanie

Au moment de l’initiative 'Janvier sobre', une étude qui vient d’être publiée dans le New England Journal of Medicine apporte un argument supplémentaire en faveur d’une réduction drastique d’alcool, en cas de fibrillation atriale.

On sait que la consommation excessive d’alcool est associée à une augmentation de la survenue d’une fibrillation atriale (FA) en raison d’un remodelage de l’oreillette propice au déclenchement de l’arythmie. Cependant, l’effet de l’abstinence restait hypothétique sur la prévention de la récidive d’un nouvel épisode d’arythmie.

Etude ouverte sur un suivi de six mois

Pour évaluer l’effet du sevrage alcoolique sur le cours de la FA, une équipe australienne a réalisé une étude ouverte, prospective multicentrique dans six hôpitaux du pays. Ils ont inclus 140 patients en rythme sinusal ayant déjà eu un épisode de FA paroxystique ou permanente, et consommant par semaine plus de 10 verres d’alcool standard, c’est-à-dire 10 boissons hebdomadaires contenant chacune 12 g d’alcool pur. Le critère de jugement principal était le délai de récidive de FA à 6 mois.

Ces patients majoritairement des hommes âgés de 62 ans en moyenne ont été répartis équitablement dans deux groupes, l’un poursuivant sa consommation d’alcool, l’autre  arrêtant les boissons alcoolisées. 86 % des patients du groupe « sobre » ont diminué leur consommation de 87,5 %. Dans le groupe contrôle, la consommation est passée de 16 à 13 verres par semaine, soit une réduction de 19,5 %.

Différence significative en faveur de la sobriété

À 6 mois, la récidive de FA a été diagnostiquée chez 53 % des abstinents, contre 73 % des patients ayant continué leur prise de boissons alcoolisées, la différence est significative en faveur de la sobriété. De plus, le délai avant récidive de FA était significativement plus long dans le groupe abstinent (HR=0,55). On a aussi observé un bénéfice du sevrage pour le temps passé en FA (par rapport au groupe contrôle). Cerise sur le gâteau, le groupe « sobre » a perdu du poids (-2,7±3,3 vs +0,8±3,0 kg; p<0.01) et a également réduit sa pression artérielle systolique (-12,4±12,8 vs -1,0±12,5 mm Hg; p=0.02). Mais même en prenant en compte ces améliorations métaboliques, c’est bien l’abstinence qui permet de réduire le taux de récurrences de FA (analyse multivariée HR 0,52, 95 %CI 0,30-0,89).

FA : confirmation des risques liés à l'alcool

Ces conclusions rejoignent les dernières recommandations américaines de 2019 sur la prise en charge de la FA préconisant le contrôle des facteurs de risque où figurent la consommation d’alcool au même titre que l’apnée du sommeil, l’hypertension, l’hyperlipidémie, les perturbations glycémiques, et le tabagisme. Cet essai randomisé vient compléter d’autres travaux montrant qu’une consommation excessive d'alcool peut déclencher ou faire récidiver une fibrillation atriale. L’alcool apparaît donc comme un facteur de risque potentiellement modifiable par un changement des habitudes de vie.  


Source : lequotidiendumedecin.fr