L’ophtalmologie a subi cette année une attaque frontale initiée par des patrons de l’e-commerce, des parlementaires, des consommateurs professionnels, des tenants de l’optométrie et enfin « as usual » de la Sécurité sociale (SS).
À l’heure de ces lignes tout n’est pas encore figé mais les modifications sont dans les tuyaux. Saluons la lucidité du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) qui défend bien, sans coup de menton ni clairon. L’Académie d’ophtalmologie elle aussi bien dirigée oriente avec justesse les directions à promouvoir.
Le traitement du kératocône recevra bientôt sa juste reconnaissance, celui des implants premium trouvera une issue à défaut d’une solution idéale.
Un mouvement amorcé se développe avec force : après les trente glorieuses du segment antérieur on assiste à une nette montée du champ rétinien dans le périmètre des actes. Les progrès de l’imagerie, de la pharmacologie et des actes invasifs trouvent un vaste panier de patients, des opérateurs efficaces et enfin des succès réels. Ce cadre bien installé dans la T2A fournit une part croissante des revenus des praticiens, sans grande anxiété pour l’ophtalmologiste tant le public est informé de risques d’échecs. Les établissements s’appuient de plus en plus sur ce matelas qui est bien moins menacé que celui de la cataracte.
La dépopulation de spécialistes amplifiera le phénomène. Le manque d’ophtalmologistes est le cheval de Troie ouvrant la voie aux optométristes, aux opticiens prescripteurs aux prescriptions à validité allongée… les moyens d’opposition sont faibles car la santé pèse peu face aux concentrations des lobbies de la vente et, il faut bien le dire, le ras-le-bol des consultants dans des zones où une partie du problème aurait pu être résolue par la profession.
Le développement professionnel continu (DPC) est une nouvelle usine à gaz mais qui peut se résumer à : « inscrivez-vous et nous faisons le reste », ce sera accessible pour tout le monde.
L’avenant 8 ne perturbe pas trop la spécialité, en dehors des grands rôles du répertoire, les dépassements notables n’étaient pas si élevés ni si fréquents. L’écrémage ne va pas perturber le fonctionnement global. La spécialité a compris qu’il fallait exploiter à fond, et dans la réglementation, le système de la Classification commune des actes médicaux (CCAM) : varier les tarifications, cumuler ce qui peut l’être, ne plus faire de cadeau et enfin de ne plus coter ce qui n’est pas reconnu en SS.
Une fois de plus, on peut vérifier que le champ des lentilles de contact ne croît pas et les raisons semblent là encore dans une certaine démédicalisation.
Moyennant quoi l’ophtalmologie se porte mieux que jamais. Elle sera affrontée à court terme à un défi : exister en ayant perdu en partie sa prééminence en amont de la filière visuelle.
Le rebond se fera sur la pathologie oculaire qui ne pourra que croître, avec les progrès médicaux et l’allongement de la vie, couplés à la régression du dépistage qu’induira la perte des contrôles obligés.
Clinique de la vision.
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