D ES études in vitro ont montré que la résistance du Plasmodium falciparum à la chloroquine - en particulier dans les pays subsahariens - est associée à des mutations ponctuelles sur les gènes pfcrt et pfmdr 1 (« le Quotidien » du 28 février 2000) qui codent pour des protéines transmembranaires des vacuoles digestives des parasites.
Partant de ces notions, des infectiologues (Baltimore et Bamako, Mali) ont cherché à corréler la mesure de ces mutations et la résistance clinique à la chloroquine chez 469 patients maliens infectés par du Plasmodium falciparum et traités par de la chloroquine, médicament qui, comme le rappelle le Dr David Warhurst (Londres) dans un éditorial, « reste le traitement de première intention dans la plupart des pays d'Afrique ».
11 % de résistance à un niveau de classe I
« Dans 86 % des cas, le parasite a été sensible au traitement, alors que 11 % des infections ont été considérées comme résistantes à un niveau de classe I (guérison dans un premier temps, suivie d'une récurrence à J 14), 2 % à un niveau de classe II (parasitémie persistante avec une réduction de moins de 25 % de la parasitémie à J 3) et enfin 1 % à un niveau de classe III (pas de réduction de la parasitémie) », explique le Dr Abadoulaye Djimdé, premier auteur.
Chez les patients résistants, quelle que soit la classe de résistance, les investigateurs ont procédé à une comparaison de l'incidence des mutations sur les gènes pfcrt et pfmdr 1 avant et après traitement. « La mutation pfcrt (substitution de la lysine en position 76 par de la thréonine) était présente dans 100 % des cas de résistances après traitement par la chloroquine, alors qu'à l'inclusion dans l'étude la prévalence de cette mutation n'était que de 41 % (sur les 116 échantillons choisis au hasard). Ce résultat est le signe d'une implication majeure de la mutation dans les phénomènes de résistance à la chloroquine », analysent les auteurs. Quant à la mutation pfmdr 1 (susbtitution de l'asparagine en position 86 par de la tyrosine), elle n'était, pour sa part, présente que dans 86 % des cas de résistances au traitement, contre 50 % à l'état de base. « Cette observation suggère que pour qu'une mutation pfmdr 1 ait un effet clinique, une mutation préalable pfcrt est nécessaire afin de conférer au parasite une résistance de base à la chloroquine », explique le Dr Warhurst.
Pour les investigateurs, « des mesures régulières de la mutation pfcrt T76 pourraient permettre d'anticiper les diminutions de sensibilité à la chloroquine dans les zones endémiques et de mettre en place des mesures d'associations thérapeutiques antipaludiques qui pourraient contribuer à la moindre propagation de ces phénomènes de résistance ».
« New England Journal of Medicine », 25 janvier 2001, pp. 257-262 et 299-300.
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