L A semaine « santé morte » organisée à la fin de l'année 2000 par le centre national des professions de santé et qui a été marquée par la fermeture nombreux cabinets a été bien perçue par l'opinion publique. Une très large majorité de Français (65 %) estiment en effet que les praticiens ont eu « plutôt raison » de faire grève en décembre pour protester notamment contre les baisses des tarifs de certains actes médicaux.
La ventilation de ces résultats apporte d'intéressantes informations sur l'état de l'opinion à l'égard du corps médical. L'approbation de la grève des médecins est sensiblement plus nette chez les femmes (68,5 %) que chez les hommes (61,5 %). Ce sont surtout les agriculteurs (82,9 %) et les retraités (70,2 %) qui jugent fondé le mouvement de fermeture des cabinets de décembre. Le soutien à la semaine « santé morte » est en revanche moins marqué, tout en restant majoritaire chez les artisans, commerçants et chefs d'entreprise. Enfin, c'est chez les 18-24 ans que l'approbation est la plus faible (51,9 % soutiennent la grève des médecins alors que 44,9 % la condamnent).
Le sondage IPSOS - « le Quotidien » confirme un état de fait déjà noté ces dernières années : il ne semble pas y avoir de divorce, de fracture, entre les praticiens et les citoyens. Les mouvements de protestation récurrents des médecins et plus globalement des professions médicales sont en général bien perçus par l'opinion publique. En mai 1997, lors de la grande grève des internes, 70 % des Français déclaraient avoir de la sympathie pour le mouvement des jeunes médecins. Les professions de santé ont cependant rarement réussi à transformer le capital de sympathie dont elles bénéficient de la part des Français en une solidarité concrète. A plusieurs reprises, ces dernières années, les praticiens libéraux ont échoué dans leur tentative d'entraîner derrière eux les assurés sociaux dans des mouvements de protestation contre la politique de santé.
Tarifs : le réflexe du consommateur
Prêts à soutenir les grèves de médecins, les Français refusent cependant une hausse de leurs honoraires : ils estiment que le tarif actuel de la consultation du généraliste exerçant en secteur 1 (115 F) est satisfaisant. Pour 74 % des personnes interrogées ce prix est en effet « normal ». Treize pour cent pensent qu'il n'est « pas assez élevé » et 12 % qu'il est trop élevé.
Le corps médical et les multiples experts et économistes de la santé qui jugent que le tarif actuel de la consultation est sous-évalué seront sans doute déçus par ces résultats. Mais les personnes interrogées ont sans doute réagi autant par rapport à leur situation financière, à leur portefeuille, que par rapport à la valeur intrinsèque de la consultation. S'ils ne sont pas plus nombreux à juger trop faibles la valeur du C, c'est parce qu'ils réagissent en consommateurs qui ne veulent pas avoir à payer davantage lorsqu'ils consultent leur généralistes. Et non parce qu'ils jugent que, par rapport à d'autres services ou dans l'absolu, le tarif de la consultation serait trop élevé. Ce sont d'ailleurs - cela n'est pas une surprise - les Français qui ont les plus faibles revenus (moins de 108 000 F par an) qui sont les plus nombreux (17 %) à juger trop élevé la prix de la consultation alors que les personnes interrogées dont le revenu annuel est supérieur à 300 000 F sont les plus nombreuses (26,6 %) à penser que le tarif du C est sous-évalué.
Fermeture des cabinets : les médecins ont eu raison
.
Les médecins ont fait grève en décembre pour protester notamment contre les baisses des tarifs de certains actes médicaux. Selon vous, ont-ils eu :
.
Ensemble
%
.
Plutôt raison65
Plutôt tort30
Ne se prononcent pas5
Total100
.
Base : à l'ensemble de l'échantillon.
Le C à 115 F :
un tarif normal
.
Actuellement, le tarif d'une consultation chez un généraliste respectant les tarifs conventionnels est de 115 F. Cela vous semble-t-il : |
|
. |
|
Ensemble | |
% | |
. |
|
Trop élevé |
12 |
Normal | 74 |
Pas assez élevé | 13 |
Ne se prononce pas | 1 |
Total | 100 |
. |
|
Base : A l'ensemble de l'échantillon. Fiche technique Page 3, sondage effectué par téléphone pour « le Quotidien du Médecin » du 16 au 18 janvier 2001, auprès d'un échantillon de 352 médecins libéraux exerçant en France et répartis comme suit : 176 médecins généralistes, 176 médecins spécialistes. Les résultats d'ensemble ont été obtenus par pondération en tenant compte de la taille spécifique des deux populations (généralistes et spécialistes). Page 4, sondage effectué pour « le Quotidien du Médecin » les 12 et 13 janvier 2001 auprès de 931 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, construit selon la méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d'agglomération et région. Enquête réalisée par téléphone. |
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature