« THE OTHER Boleyn Girl » (l'autre fille Boleyn), tel est le titre original, moins attirant sans doute pour les Français qui ne connaissent pas bien l'histoire d'Ann Boleyn, la deuxième épouse d'Henry VIII, mère d'Elisabeth 1re, qui fut décapitée en mai 1536. Incarnée de nombreuses fois au cinéma, entre autres par Merle Oberon, Vanessa Redgrave, Geneviève Bujold, Charlotte Rampling, Ann avait donc une soeur, Mary, qui fut la maîtresse du roi et en eut probablement un fils.
Pour raconter leur histoire, le scénariste Peter Morgan (« The Queen », « le Dernier Roi d'Ecosse ») s'est inspiré du roman de Philippa Gregory (en français aux éditions de l'Archipel). Cette dernière imagine deux soeurs très liées et, ce qui repose en partie sur la réalité historique, totalement manipulées par leur entourage familial. Oncle et père n'ont qu'une hâte, les mettre dans le lit du roi, pour bénéficier de faveurs et de richesses.
C'est l'un des intérêts du film : les intrigues politiques qui font peu de cas du sort des femmes et qui vont conduire au schisme de l'église d'Angleterre. La production n'a en outre pas lésiné sur les moyens : décors et costumes somptueux (inspirés pour certains des oeuvres de Holbein, peintre officiel de la cour d'Angleterre), figurants en nombre, chevauchées impressionnantes et armes affûtées.
Un écrin adéquat pour les deux perles que sont Scarlett Johansson, la douce mais déterminée Mary, et Natalie Portman, l'ambitieuse et intelligente Ann, qui, féministe avant l'heure, ne voit pas pourquoi une femme ne jouerait pas un rôle de premier plan. Les deux comédiennes sont également convaincantes, même si on n'oublie pas tout à fait leur aura hollywoodienne. Face à elles, Eric Bana joue bien son rôle, offrant une image plus ambiguë que d'habitude du puissant Henry VIII.
Justin Chadwick n'avait jusqu'alors réalisé que des épisodes de séries pour le petit écran. Il prouve avec « Deux soeurs... » qu'il a le talent nécessaire pour le grand.
> RENÉE CARTON
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