DANS UNE LETTRE au « New England Journal of Medicine », des infectiologues français* indiquent avoir réussi à cultiver le germe responsable de la maladie de Whipple, Tropheryma whipplei, recueilli à partir de selles d’une malade, après qu’une procédure de décontamination normalement efficace a été effectuée. Ils ont utilisé le glutaraldéhyde, un produit normalement efficace sur tous les germes habituels et utilisé pour décontaminer les instruments d’endoscopie. Ce qui leur fait conclure que la maladie de Whipple peut être liée à une contamination oro-fécale. «Notre étude confirme aussi que T. whipplei est résistant au glutaraldéhyde, ce qui reste unique dans le monde des bactéries.» Les selles infectées ont été obtenues chez une malade de 36 ans qui a eu un premier diagnostic en 1995 à partir d’une biopsie du duodénum ; elle a ensuite subi deux rechutes (2000, 2004) où les PCR des selles ont été positives. «Le glutaraldéhyde a ralenti la croissance de T. whipplei dans nos cultures, mais les germes étaient toujours observés sept mois après, bien que leur nombre restât stable.»
Les expérimentateurs ont ensuite centrifugé les selles et, huit et neuf mois après, les ont remises en culture spécifique. Aux mois 10 et 11, T.whipplei subissait une croissance exponentielle, mesurée par PCR. Ils ont trouvé la même souche que celle isolée initialement dans le duodénum de la patiente. Aucune autre bactérie n’était trouvée (ce qui montre l’efficacité de la décontamination sur l’ensemble des germes).
T. whipplei est le germe responsable de la maladie de Whipple, une maladie infectieuse qui touche le tube digestif. Le micro-organisme peut être détecté dans les macrophages du duodénum, même si T.whipplei a été isolé pour la première fois à partir de tissu de valve mitrale.
Les examens par PCR ont révélé la présence de T.whipplei chez des personnes en bonne santé ainsi que dans des eaux usées.
Le travail évoqué révèle par ailleurs une méthode d’isolement de T.whipplei à partir de porteurs asymptomatiques et dans l’environnement. Les comparaisons des génomes de ces souches pourrait permettre de mieux comprendre la pathogénie du germe.
* Didier Raoult, Florence Fenollar et Marie-Laure Birg (Marseille). « New England Journal of Medicine », 5 octobre 2006, 355 ; 14 : pp.1503-1505.
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