De notre correspondant
A VEC un cours optionnel inclus dans leur cursus universitaire, l'association Avenir Santé transmet aux étudiants en médecine et en pharmacie une méthodologie adaptée et des connaissances sur la prévention, avant qu'ils interviennent à leur tour auprès des jeunes de 16-20 ans, surtout ceux des collèges, souvent en difficulté et réputés rétifs à tout message de prévention sanitaire.
Créée à Lyon en 1998 par des étudiants en médecine et en pharmacie, elle vient d'ouvrir une antenne en Seine-Saint-Denis. « Nous rêvons d'une nouvelle génération de professionnels du soin, médecins et pharmaciens, plus consciente de la nécessité de la prévention et qui ne pense plus son travail en termes de "je soigne, donc je suis", mais en termes de "je soigne et je préviens, donc je suis" : la médecine de demain sera celle de la prévention », explique Renaud Bouthier, le jeune pharmacien lyonnais fondateur de l'association. Pour lui, l'avenir de la santé passera par la prévention, et un médecin ou un pharmacien d'aujourd'hui « doit s'intéresser nécessairement tout autant au curatif qu'au préventif ».
Après une recherche documentaire tous azimuts, l'association a défini le contenu des modules consacrés à la prévention, introduits pour la première fois à la rentrée 1998 à la faculté de pharmacie de Lyon, avec le soutien du doyen, Christian Collombel, à l'intention des 2e et 3e années. Avant d'essaimer dans deux facultés de médecine, à Saint-Etienne et à Clermont-Ferrand, c'est sur le campus lyonnais que l'initiative a remporté son premier succès : une vingtaine d'étudiants inscrits, du jamais vu pour un cours optionnel.
Faire passer le message
Quelques mois après, un premier bataillon d'étudiants motivés, formés, était prêt à intervenir, sur demande, dans les lycées et les collèges de la région qui ont préparé un « projet pédagogique santé » sur les principaux thèmes de santé publique, MST-SIDA, alcool, tabac, alimentation. Cette expérience enrichissante a permis aux étudiants, futurs médecins ou pharmaciens, résume Renaud Bouthier, de découvrir dans les établissements scolaires, au contact des jeunes, d'autres réalités, « autre chose que les amphithéâtres, l'hôpital ou l'officine ».
Notamment les difficultés liées à toute démarche de prévention auprès d'un public jeune. « Or qui est mieux qualifié que des jeunes pour transmettre des concepts de santé, valeurs éminemment culturelles, à d'autres jeunes ? », interroge le directeur d'Avenir Santé.
Après Lyon, ce fut l'Auvergne : à la rentrée universitaire de 1999, avec l'aide du Dr Larquet, conseiller technique du recteur, l'association ouvrait une antenne à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, où l'option rencontrait le même succès chez les étudiants de 2e année. Au terme de leur formation, une vingtaine d'entre eux partaient prêcher la bonne parole dans les établissements scolaires de la région dotés d'un comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC), dont l'objectif est une « approche globale de la santé » avec les élèves.
L'an dernier, la faculté de médecine de Saint-Etienne acceptait à son tour le cours optionnel, que d'autres facultés sont maintenant en train de rejoindre, comme aujourd'hui celle de la Seine-Saint-Denis. L'association se bat « pour que la prévention fasse enfin l'objet d'un enseignement universitaire à part entière », ajoute Renaud Bouthier. Avenir Santé est soutenu par des personnalités aussi diverses que le sénateur stéphanois Lucien Neuwirth, le Dr Franck Chauvin, du centre anticancéreux de Lyon, le Dr Jean-Claude Cêtre, patron de la médecine universitaire de Lyon, ou encore le Dr Dominique Butheau, responsable de la santé au rectorat.
Pour compléter le contenu de son module, elle n'hésite pas à solliciter des experts de renommée internationale connus pour leur engagement personnel sur des thèmes particuliers, prêts à intervenir eux-mêmes dans les cours : ce n'est pas un hasard si l'on trouve dans son conseil scientifique Annie Sasco, responsable de l'unité d'épidémiologie des cancers du sein au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Consciente de ce que, malgré le modèle curatif dominant, la « relation traditionnelle soignant-soigné est en train d'évoluer profondément », conclut son directeur, l'association veut ainsi, dans une perspective à long terme, « forger des étudiants en médecine et pharmacie citoyens, volontaires et désireux de s'investir, une fois formés, dans une activité de prévention au service des jeunes qui en ont le plus besoin ».
* Avenir Santé 15, rue Bance, 69007 Lyon. Tél. 04.78.58.95.04. L'association est soutenue financièrement par les collectivités publiques de Rhône-Alpes (conseil régional, département du Rhône, ville de Lyon) et par des organismes tels que la Fondation de France et la Ligue nationale contre le cancer.
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