L' ACHAT de Chrysler par Daimler-Benz, il y a moins de deux ans, montrait une fois de plus que les fusions de grandes entreprises ne se faisaient pas à sens unique et que les Européens se paient de temps en temps des affaires américaines, ce qui relativise les dangers, supposés ou réels, de la mondialisation.
Les Allemands étaient arrivés à Detroit avec un moral d'acier. Ils n'ont pas tardé à imposer leur volonté aux dirigeants de Chrysler, contraignant quelques-uns d'entre eux à démissionner. Aussi ne peuvent-ils pas dire aujourd'hui que les déboires actuels de Chrysler, dont le résultat net est en chute libre et qui perdra sans doute de l'argent cette année, sont de la faute des Américains.
Chez Daimler, on n'a pas vraiment compris comment on gère une affaire américaine et chez Chrysler, on a eu le sentiment que la soumission aux volontés germaniques n'est pas une partie de plaisir.
Pourtant, l'analyse de la situation n'était pas difficile à faire : Chrysler est le troisième constructeur d'automobiles aux Etats-Unis, donc le plus vulnérable. Sauvé une fois par un prêt gouvernemental (sans précédent aux Etats-Unis) et une deuxième fois par le célèbre Lee Iacocca (qui a remboursé le gouvernement en très peu de temps et jusqu'au dernier centime), Chrysler a été l'une des premières entreprises américaines à ressentir les effets du ralentissement économique actuel.
Aujourd'hui, Daimler annonce le licenciement de 26 000 salariés de Chrysler. Les dirigeants de Daimler peuvent toujours dire que l'entreprise est victime de la crise, mais on peut leur rétorquer que, s'ils avaient su la gérer après l'avoir achetée, s'ils avaient pris des mesures d'économie immédiates, ils auraient pu éviter ce désastre social.
L'histoire rappelle que beaucoup de fusions sont catastrophiques lorsqu'elles résultent plus de l'ambition des hommes d'affaires que de la logique économique. Quand les employés trinquent, cette ambition devient criminelle.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature