« L A sénescence cellulaire et la perte de l'intégrité du génome représentent deux facteurs essentiels limitant le développement des tumeurs malignes », rappelle le Dr Serguei Romanov (UCLA, San Francisco, Etats-Unis), dans le dernier « Nature ».
Le phénomène de sénescence cellulaire a été, au cours des dernières années, particulièrement bien étudié sur des cultures de fibroblastes humains. Des chercheurs ont prouvé que ces cellules passent par un nombre de divisons cellulaires - relativement constant selon les expérimentations - avant d'intégrer un processus irréversible d'arrêt des divisions appelé sénescence.
L'équipe d'oncologues américains entourant S. Romanov a cherché à définir la manière dont des cellules épithéliales mammaires humaines se comportent en culture, afin de déterminer si ces lignées subissent, comme les fibroblastes, des phénomènes de sénescence. « Les cultures de cellules mammaires humaines passent par une première phase de multiplication, suivie d'une phase de plateau transitoire qui précède une seconde période de multiplication cellulaire », expliquent les auteurs.
Des caractéristiques cellulaires de sénescence
L'analyse histologique des cellules, en cours de première phase de multiplication, retrouve des caractéristiques cellulaires de sénescence (augmentation de la taille cellulaire, changements de configuration, apparition de vacuoles et expression de bêta galactosidase) qui, néanmoins, ne représentent pas un barrière insurmontable à une multiplication cellulaire ultérieure. Certaines cellules mammaires ont, dans cette étude, continué à présenter des multiplications à la fin de la phase initiale de sénescence, malgré la présence de séquences télomériques érodées.
Après la seconde phase de croissance, des cellules sont entrées dans un processus qualifié de « crise télomérique » au cours duquel sont apparues des anomalies chromosomiques équivalentes à celles rencontrées dans des lésions néoplasiques du sein. Pour les auteurs, « le passage de la barrière de la sénescence pourrait représenter un événement pivot lors des phases précoces de la carcinogenèse, par l'induction de modifications génétiques préfigurant l'évolution oncologique de certaines lignées cellulaires ».
Ces nouvelles données pourraient rapidement trouver des applications cliniques. Ainsi, conçoit-on qu'il devrait être possible d'utiliser de nouveaux marqueurs indiquant la susceptibilité individuelle aux transformations néoplasiques. Ces marqueurs pourraient aussi représenter des cibles potentielles préventives et curatives.
« Nature », vol. 409, pp. 633-636, 1er février 2001.
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