Avec 58 000 femmes diagnostiquées et 11 000 décès chaque année en France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez la femme. Et les campagnes de dépistage actuelles sont loin d’être satisfaisantes.
Depuis 2015-2016, on observe, après une période de stagnation, une baisse régulière du taux de participation au dépistage organisé entre 50 et 74 ans, dans toutes les tranches d’âges, sauf après 70 ans. « Le taux maximum atteint en 2011-2012 de 53 % est passé en 2017 sous le seuil des 50 %. » a souligné le Dr Brigitte Séradour (radiologue, Marseille), alors que les recommandations européennes préconisent un taux de 70 %.
Une récente étude, portant sur 4,8 millions de personnes montre aussi une grande hétérogénéité du dépistage organisé entre les départements, de 27 % à Paris à 62 % en Indre-et-Loire.
Un dépistage individuel, surtout en ville
Les dernières données de l’Assurance Maladie, présentées pour la première fois, confirment aussi une baisse globale des mammographies réalisées, particulièrement hors programme. « Mais, il existe là encore, une grande hétérogénéité du recours au dépistage hors programme selon les départements. Le recours est plus important dans les départements urbains ce qui compense les faibles taux de dépistage organisé et réduit les écarts entre les départements » a expliqué Cécile Quintin (Santé publique France, Saint-Maurice). L’indice de défavorisation sociale du lieu de résidence, relevé dans 36 209 municipalités (taux de chômage, niveau de diplôme, revenus…) n’a qu’une influence mineure sur ces différences entre départements.
Lutter contre les fake news
Plusieurs explications sont évoquées pour expliquer cette désaffection ; l’impact de la polémique récurrente anti-dépistage, la défiance à l’égard des politiques de prévention en France, l’augmentation des populations précaires…
« La force des réseaux sociaux est considérable et la communication n’est pas suffisante aujourd’hui pour encourager les femmes qui sont dans le doute » a déclaré le Dr Brigitte Séradour. On ne parle que des dangers du dépistage : irradiation, sur-diagnostics… « Il est faux de dire qu’une petite tumeur n’évoluera pas… » s’est insurgé le Dr Bruno Cutili (oncologue-radiothérapeute, Reims et président de la SFSPM. Plus le cancer est détecté tôt plus les chances de guérir sont grandes. L’autopalpation ne suffit jamais à détecter une éventuelle tumeur. « De même, on n’a pas réussi à prouver qu’il existait un risque de développer un cancer radio-induit. »
Et cela n’est pas sans conséquence, « le nombre de cancers repart à la hausse dans toute l’Europe » a dénoncé le Dr Daniel Serin (cancérologue, Avignon). L’incidence du cancer du sein augmente, notamment chez les plus jeunes.
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