Rétrospective 2017

D’énormes progrès dans le cancer du poumon

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Publié le 18/12/2017
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Crédit photo : PHANIE

Si l’immunothérapie confirme sa place prépondérante dans le traitement du cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) métastatique, les thérapies ciblées de seconde améliorent aussi significativement la prise en charge des patients.

Le pembrolizumab en 1re ligne en monothérapie

Keytruda (pembrolizumab) est désormais pris en charge en première ligne en monothérapie pour les patients souffrant de cancer bronchique non à petites cellules métastatique et dont la tumeur exprime le PDL 1 ≥ 50 % sans mutation EGFR ou ALK. Les études cliniques ont montré un gain de survie globale sans précédent avec un taux de survie à 1 an de 70,3 % pour les patients sous pembrolizumab (versus 54,8 % de patients sous chimiothérapie) et à deux ans, plus de la moitié des patients (51,5 %) sous pembrolizumab sont vivants versus 34,5 % sous chimiothérapie. La médiane de survie globale est plus que doublée avec Keytruda, atteignant 30 mois pour les patients sous pembrolizumab versus 14,2 mois pour les patients sous chimiothérapie, soit un gain absolu de survie de près de 16 mois. Quant à la tolérance, elle est nettement améliorée par rapport à la chimiothérapie à travers une diminution des effets indésirables de grade 3-5 liés au traitement (31 % des patients sous pembrolizumab versus 53,3 % des patients sous chimiothérapies). Environ 6 000 patients français vont pouvoir bénéficier de Keytruda en monothérapie grâce à un test permettant de déterminer le statu PDL-1.

Une nouvelle génération de thérapies ciblées

L’alectinib (Alecensa), une thérapie ciblée de 2génération a démontré dans l’étude ALEX, sa supériorité par rapport au crizotinib (Xalkori) dans le traitement de première ligne des cancers du poumon non à petites cellules, porteurs de la mutation ALK. Cette étude menée chez 303 patients a montré une survie sans progression de plus de 2 ans (25,6 mois) pour l’alectinib par rapport à environ 10 mois pour le crizotinib. À un an de traitement, la survie sans progression concernait 68,4 % des patients traités par alectinib par rapport à 48,7 % des patients traités par crizotinib. Au total, 82,9 % des patients ont répondu à cette nouvelle molécule, par rapport à 75,5 % des patients traités par crizotinib. De plus, contrairement au crizotinib qui ne traverse pas la barrière hématoméningée, l'alectinib permet de bloquer la progression des métastases cérébrales. Chez les patients ayant des lésions cérébrales à l'inclusion, le taux de réponse était de 81 % par rapport à 50 % dans le groupe crizotinib. La durée médiane de la réponse intracrânienne était de 17,3 mois par rapport à 5,5 mois. Tous patients confondus avec ou sans métastases cérébrales à l'inclusion, le risque de progression au système nerveux central était diminué de 84 % avec l'alectinib par rapport au crizotinib. Par ailleurs, le dacomitinib, inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) de l’EGFR de seconde génération, a démontré son efficacité en 1re ligne métastatique par rapport au gefitinib (ITK de l’EGFR de première génération) dans l’étude de phase III ARCHER 1050. Chez 452 patients atteints d’un CBNPC de stade IIIB/IV nouvellement diagnostiqué et EGFR positif, le dacomitinib prolongeait la SSP de plus de 5 mois : 14,7 mois sous dacomitinib versus 9,2 mois avec le gefitinib (p < 0,0001). À 24 mois, le taux de SSP s’élevait à 30,6 % des patients avec le dacomitinib versus 9,6 % dans le groupe gefitinib, soit une réduction du risque de progression de 41 %.

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9628