Décès en garde à vue : une« bavure médicale », selon le procureur

Publié le 04/02/2001

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Le procureur de la République de Versailles a requis une peine de dix-huit mois de prison avec sursis et une amende de 10 000 F contre un médecin qui comparaissait, pour « homicide involontaire », devant le tribunal correctionnel, dix ans après le décès d'Aïssa Ihich des suites d'une crise d'asthme lors de sa garde à vue au commissariat de Mantes-la-Jolie (Yvelines), le 27 mai 1991.
La disparition d'Aïssa, âgé de 18 ans, avait été à l'origine de plusieurs nuits d'émeute dans le quartier du Val-Fourré, marquées par la mort d'une policière et d'un homme de 23 ans abattu par un membre des forces de l'ordre durant un « rodéo », le 9 juin (« le Quotidien » des 22 mai 1992 et 25 juin 1999).
Aucune charge n'a été retenue, en revanche, à l'endroit de trois policiers poursuivis pour « violences commises avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de leurs fonctions ».
Il est reproché au Dr Michel Pérol, 54 ans, expert près la cour d'appel de Versailles, d'avoir fait preuve de « négligence ». Le représentant du ministère public ne parle « pas d'une bavure policière, mais d'une bavure médicale ». A la barre, le Pr Michel Durignon, médecin légiste, a indiqué que la victime avait reçu un coup sur la tête avec un objet contondant.
Dès son interpellation, le jeune homme avait dit à tous les policiers qu'il souffrait d'asthme depuis sa petite enfance. Le praticien, jugeant « son état normal », n'avait pas estimé nécessaire de recourir à des examens complémentaires. En outre, pour le procureur, « ce dimanche-là », le Dr Pérol, qui a examiné six personnes en garde à vue en quarante minutes, a fait « de l'abattage », un « examen réduit à sa plus simple expression », bref, « un travail bâclé », assène-t-il. Or « il est responsable du maintien en garde à vue ».
Le tribunal rendra son jugement le 20 mars.