L E ralentissement de la diminution du nombre de nouveaux cas de SIDA et du nombre de décès liés au SIDA, observé par l'Institut de veille sanitaire (INVS) (« le Quotidien » du 21 novembre 2000), est confirmée sur la période janvier 1998-juin 2000, selon une étude de chercheurs de l'InVS publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH »)*.
Alors que beaucoup d'experts ont lié la quasi-stabilité du nombre de nouveaux cas de SIDA à une reprise des comportements à risque, l'étude estime que cette stabilité « n'est pas liée au relâchement des comportements de prévention, observé depuis 1998, notamment chez les homosexuels masculins ». « Le fait de développer le SIDA est, bien sûr, lié au fait d'être infecté, mais surtout au fait de ne pas connaître sa séropositivité, note l'étude. Ce qui empêche de bénéficier des avancées thérapeutiques. »
La séropositivité méconnue
La méconnaissance de la séropositivité est encore plus grande chez les étrangers. A l'entrée dans le SIDA, elle touche 60 % des personnes de nationalité étrangère, comparativement à 43 % pour les personnes françaises. Globalement, l'évolution du nombre de nouveaux cas de SIDA n'est pas identique chez les personnes de nationalité étrangère et chez les personnes de nationalité française**. Sur la période janvier 1998-juin 2000, un quart des cas de SIDA diagnostiqués en France concernent des personnes de nationalité étrangère. En outre, la diminution du nombre de nouveaux cas, observée à partir de 1995, a été moins marquée pour les personnes de nationalité étrangère comparativement à celles de nationalité française. Le nombre de nouveaux cas chez les étrangers augmentent même depuis 1999 (+ 7 % entre le premier semestre 1998 et le 1er semestre 2000, contre - 26 % chez les Français pour la même période). Cette réaugmentation du nombre de nouveaux cas touche essentiellement les personnes qui ont pour nationalité celle d'un pays d'Afrique subsaharienne. Une situation jugée « préoccupante ». En revanche, la diminution du nombre de décès par SIDA, observée depuis 1995, s'est ralentie de manière similaire chez les étrangers et chez les Français.
Si le défaut d'accès aux thérapeutiques antirétrovirales avant le SIDA est plus important chez les étrangers que chez les Français, la prise en charge des patients de nationalité étrangère est « assez comparable » à celle des patients de nationalité française. Selon l'étude, les programmes d'incitation au dépistage devraient, dans leurs messages, « lier plus directement connaissance de la séropositivité et absence de survenue d'un SIDA grâce à une prise en charge thérapeutique ». L'effort doit être porté en direction des personnes de nationalité d'un pays d'Afrique, notamment d'Afrique subsaharienne.
* N° 52/2000.
** Plus de 15 ans, domiciliés en France.
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