L ES bienfaits de l'allaitement maternel iraient donc jusqu'à stimuler la prolifération des lymphocytes B et à induire la production d'anticorps. C'est en tout cas ce que laisse supposer l'identification de ce qui est la première protéine soluble identifiée chez les mammifères, le CD14 soluble.
On connaît bien le récepteur CD14. Il s'agit d'une protéine membranaire exprimée à la surface des monocytes matures, qui fonctionne comme un corécepteur pour les lipopolysaccharides (LPS) bactériens et stimule l'induction de la réponse inflammatoire. L'une des conséquences de la stimulation des monocytes par les LPS est le relargage du CD14 soluble (sCD14) ; d'ailleurs, les taux circulants de sCD14 sont corrélés avec l'infection et l'auto-immunité.
C'est dans ce contexte qu'une équipe canadienne a conduit son étude qui est publiée aujourd'hui dans les « Proceedings ».
Protéine LAIT = sCD14
Dans un premier temps, cette équipe a identifié dans le colostrum de vache une glycoprotéine capable d'induire la croissance et la différenciation des lymphocytes B. Cette protéine a été appelée LAIT et même Bo-LAIT pour Bovine Lactation-Associated ImmunoTrophic (protein). Bo-LAIT régule positivement l'expression de marqueurs des lymphocytes B ; elle induit également in vitro la différenciation de cellules B murines, d'où sécrétion de quantités importantes d'IgM. Bo-LAIT stimule également la croissance de cellules B humaines.
Les chercheurs ont par la suite montré que Bo-LAIT n'est, en fait, rien d'autre que le sCD14.
Les chercheurs ont ensuite isolé à partir de l'urine de patients « néphrotiques » le CD14 et montré que, comme le CD14 murin, il est mitogène.
Sécrétions mammaires humaines
Dans ce travail, la source majeure de sCD14 a été le colostrum bovin, prélevé deux heures après la mise bas. Les auteurs ont toutefois aussi recherché l'expression de sCD14 dans les sécrétions mammaires humaines. Ils ont montré, chez 9 personnes, que le taux de sCD14 dans les sécrétions mammaires est de 100 à 1 000 fois supérieur au taux sérique, et que ces niveaux élevés persistent jusqu'à 400 jours en post-partum. Ils ont également montré que l'on peut isoler le sCD14 dans le lait de vache 300 jours après la mise bas.
« Nos résultats caractérisent le sCD14 comme la première protéine naturelle soluble de mammifère, qui induit la prolifération et la différenciation des cellules B », estiment les auteurs.
Etant donné la richesse du colostrum et du lait en sCD14, « il est tentant de spéculer sur son rôle dans l'activation du système immunitaire chez les bébés nourris au sein. Il pourrait être impliqué dans l'homéostasie des IgM chez les nouveau-nés (...) », ajoutent-ils.
Dominik Filipp et coll. (université et hôpital de Toronto, « Proc Natl Acad Sci USA » du 16 janvier 2001, pp. 603-608.
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