« Sédation » au Propofol

Colère et inquiétude des anesthésistes

Publié le 21/04/2011
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PLUSIEURS sociétés savantes (la société européenne d’anesthésie et la société française d’endoscopie digestive) proposent d’autoriser l’administration de Propofol par des non-anesthésistes pour la pratique de coloscopies sous « sédation ». La motivation affichée est le manque de médecins anesthésistes en Europe. La Société française d’anesthésie et de réanimation, à ce stade, n’a pas validé la recommandation. Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs (SNPHAR) n’a cependant pas tardé à réagir. L’idée, si elle était appliquée, mettrait en péril la qualité et la sécurité des soins, estime le syndicat médical, qui redoute « une dangereuse concrétisation des nouveaux métiers envisagés par la mission Hénart ». « Bel exemple de médecine à deux vitesses, écrit le SNPHAR dans un communiqué. D’un côté l’hôpital public étranglé financièrement et ne pouvant proposer que des « coloscopies light » faites par des IDE (infirmiers diplômés d’État, NDLR) spécialisés en endoscopie avec une anesthésie assurée par des IDE spécialisés en sédation ; de l’autre côté des cliniques proposant un service entièrement médicalisé à leurs clients prêts à en assumer le coût ». Sans les nommer, le SNPHAR s’en prend indirectement aux chirurgiens. « L’anesthésie est vécue par certains confrères comme une contrainte, obligeant à une organisation collective, dans un bloc opératoire partagé », observe le syndicat, qui pose cette question volontairement provocatrice : « Et si l’anesthésie était le dernier garde-fou pour empêcher une explosion d’actes dont on peut parfois douter de la pertinence ? »

 D. CH

Source : Le Quotidien du Médecin: 8947