Découverte par le plus grand des hasards voici vingt-deux ans, dans les derniers jours de l’année 1994 au cœur de l’Ardèche, par une équipe de trois spéléologues amateurs conduits par Jean-Marie Chauvet, la caverne du Pont d’Arc - aujourd’hui dite grotte Chauvet- recèle d’un trésor inestimable : quelque mille dessins et peintures murales, dont 425 figures animales de 14 espèces différentes, les plus anciennes du monde, datant de 36 000 ans, bien antérieures à celles de Lascaux (18 000 ans). Celles-ci ont été parfaitement conservées grâce à un éboulement il y a environ 22 000 ans qui a hermétiquement fermé la grotte.
Comme la vraie caverne !
Bien entendu, cette caverne ne pouvait pas être rendue à l’air libre, sous peine de détérioration rapide des fresques. Mais, dilemme, ce témoignage exceptionnel devait aussi pouvoir être vu par tous. D’où, à l’orée du siècle, l’idée de recréer une vraie fausse ou fausse vraie caverne de dimension certes plus réduite (3 000 m² contre 8 500 m²), mais reproduisant avec une fidélité absolue jusque dans le moindre détail - et c’est aussi un véritable exploit technique - la grotte originelle au millimètre près ! Un exploit qui sera réalisé, sur la base de 6 000 photos numériques, en trente mois de chantier, après cinq ans d’études, par une équipe très largement pluridisciplinaire. Avec, en prime, une belle réussite de l’enveloppe du musée lui-même, qui s’intègre très heureusement dans le paysage ardéchois et l’environnement naturel du plateau du Razal, site de la caverne du Pont d’Arc.
Inaugurée le 10 avril 2015 par François Hollande, la grotte Chauvet-Pont d’Arc, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco dès juin 2014, a d’emblée connu un formidable engouement, dépassant très vite les prévisions les plus optimistes : près de 600 000 visiteurs venus du monde entier dès la première année ! Petits et grands sont bluffés par cette plongée au cœur de l’histoire de notre Humanité. La scénographie originale est parfaitement réussie, permettant à chacun de découvrir et comprendre ce moment de préhistoire à l‘époque du paléolithique.
Au cœur de la grotte
Lorsque l’on quitte l’air naturel de notre bonne vieille Terre pour s’enfoncer dans l’obscurité de la grotte, on se surprend à frissonner un peu en raison du changement de température et de la différence thermique. Coiffés de casques sans fil permettant de ne pas perdre une miette des explications et commentaires des guides, le groupe (maxi 25 personnes) avance lentement sur le chemin très balisé. On commence à apercevoir sur les parois, dessinés au fusain ou à l’ocre, les esquisses d’animaux, en majorité dangereux : ours des cavernes (dont la taille est estimée à 3,50 mètres !), rhinocéros, mammouths impressionnants, des lions, mais aussi des chevaux, des panthères, des bisons, des hiboux, tous animaux saisis sur le vif, courant, chassant ou s’affrontant. Même les stalactites, les stalagmites et les centaines d’ossements qui ont été reconstituées, semblent plus vraies que nature !
Les techniques utilisées par nos ancêtres sont étonnamment variées : gravure sur paroi molle à l’aide de bâtons, gravure sur paroi dure gravée avec des silex ou des fragments d’os. Les dessins les plus spectaculaires ont été réalisés par l’application de charbons de bois de pin. Certains ont été obtenus par l’application sur la paroi d’une paume de main ocrée ou d’un tampon végétal ou par soufflage de pigments. Enfin, autre technique mise en évidence pour la première fois dans la grotte Chauvet, l’estompe qui vise à donner du volume et du relief et permet d’obtenir des nuances de couleurs variées selon la nature et la texture de la paroi.
Un chef-d’œuvre
En fait, cette grotte, n’était pas un habitat mais un lieu sacré dans lequel les chasseurs-collecteurs approchaient le monde des esprits. On a pu démontrer que ces hommes, les Aurignaciens, ont utilisé les parois pour transcrire en images les récits mythiques de leur communauté, des animaux, bien sûr, mais aussi des signes abstraits et quelques rares détails anatomiques humains et plus particulièrement féminins.
Et, en bouquet final, la visite d’une heure environ, se termine par une fresque monumentale de douze mètres de long mettant en scène 92 animaux en mouvement. On reste scotché !
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