DÉCOUVERT et développé par Pfizer, Champix (varénicline) est un médicament d’aide au sevrage tabagique doué d’un mécanisme d’action différent de celui des autres produits déjà disponibles. Champix agit en effet de façon sélective sur le même récepteur que la nicotine au niveau cérébral, le récepteur acétylcholine alpha4bêta2. Champix, en tant qu’agoniste partiel, exerce une stimulation partielle sur ce récepteur, qui libère alors de la dopamine, mais de façon plus réduite que ne le ferait la nicotine. Ce mode d’action entraîne une diminution du besoin impérieux de fumer et des symptômes de sevrage associés à l’arrêt du tabac (irritabilité, troubles du sommeil, dépression, anxiété).
En outre, en empêchant la liaison de la nicotine au récepteur (effet antagoniste), Champix réduit les effets de récompense et de renforcement du tabagisme ; concrètement, si un sujet traité par Champix fume une cigarette, les effets « positifs » de la cigarette seront amoindris. Il s’agit donc d’un mode d’action complètement nouveau.
Champix, commercialisé depuis l’été dernier aux Etats-Unis et dont la mise sur la marché européen a été approuvée par l’Agence européenne du médicament à l’automne dernier, a bénéficié d’un vaste programme de recherche clinique ayant inclus quelque 4 000 fumeurs. Il s’agissait de fumeurs dépendants (5,5 en moyenne au test de Fagerström), âgés en moyenne de 42 ans et dont la consommation moyenne était de 22 cigarettes/ jour.
Deux essais cliniques, au design identique, ont comparé de façon prospective en double aveugle l’efficacité de Champix (à la posologie de 1 mg deux fois par jour), du bupropion à libération prolongée (150 mg deux fois par jour) et d’un placebo dans le sevrage tabagique. Les patients ont reçu le traitement pendant 12 semaines, puis ont été suivis pendant 40 semaines supplémentaires après l’arrêt du traitement.
Le taux d’abstinence continue.
Le critère principal d’évaluation était le taux d’arrêt continu sur 4 semaines, de la semaine 9 à la semaine 12, confirmé par la mesure du monoxyde de carbone (CO) expiré.
Le principal critère secondaire d’évaluation était le taux d’abstinence continue à la semaine 52, ce taux étant défini comme la proportion de sujets traités n’ayant pas fumé, pas même une bouffée de cigarette, entre la semaine 9 et la semaine 52, et dont aucune mesure du CO expiré n’a dépassé 10 ppm.
A 12 semaines, le taux d’arrêt continu était de 44,4 % sous Champix, de 29,5 % sous bupropion et de 17,6 % sous placebo, différences statistiquement significatives. Après 3 mois de traitement, le pourcentage de fumeurs ayant arrêté sous Champix était 2,5 fois supérieur à celui observé sous placebo, et 1,5 fois supérieur à celui observé sous bupropion.
A un an, le taux d’abstinence continue était de 23 % sous Champix, de 14,6 % sous bupropion et de 10,3 % sous placebo, différences là encore statistiquement significatives. Ce qui, en d’autres termes, se traduit par un pourcentage de fumeurs ayant arrêté à un an 2,2 fois supérieur sous Champix que sous placebo, et 1,6 fois supérieur sous Champix que sous bupropion.
Dans ces deux études cliniques, au cours de la phase de traitement, le besoin impérieux de fumer, le manque et les effets de renforcement du tabagisme ont été significativement réduits sous Champix comparativement au placebo.
Le bénéfice d’un traitement supplémentaire de 12 semaines.
La troisième étude clinique a évalué le bénéfice d’un traitement supplémentaire de 12 semaines sur le maintien de l’abstinence. Dans cet essai, les patients (1 927) ont reçu Champix (1 mg deux fois/jour) en ouvert pendant 12 semaines ; ceux ayant arrêté de fumer à 12 semaines ont été alors randomisés pour recevoir soit Champix, à la même posologie, soit un placebo pendant 12 autres semaines.
Le taux d’abstinence continue de la semaine 13 à la semaine 24, critère primaire d’évaluation, était de 70,6 % sous Champix versus 49,8 % sous placebo ; le taux d’abstinence continue de la semaine 13 à 52, critère secondaire d’évaluation, était de 44 % sous Champix versus 37,1 % sous placebo.
Ainsi, cette étude a démontré le bénéfice d’un traitement supplémentaire de 12 semaines par Champix en termes d’abstinence continue.
La tolérance du traitement a été largement analysée. Les effets indésirables les plus fréquents ont été des nausées – généralement de faible intensité, transitoires et survenant surtout au cours de la première semaine de traitement –, des insomnies, des rêves inhabituels et des maux de tête. Le taux d’arrêt de traitement lié aux effets secondaires a été de 11,4 % sous Champix versus 9,7 % sous placebo.
D’après une conférence de presse organisée par le Laboratoire Pfizer.
Le rôle du généraliste
Champix est un médicament délivré sur ordonnance, dont la prescription s’inscrit dans une prise en charge plus globale de la dépendance tabagique, qui est une dépendance chronique et forte. Soixante-dix pour cent des fumeurs déclarent vouloir arrêter, mais seulement de 1 à 3 % de ceux qui tentent de s’arrêter sans aide y parviennent.
Un soutien est donc le plus souvent nécessaire, pour amener le fumeur à sa prise de décision, pour prescrire le traitement d’aide au sevrage qui sera le plus adapté et enfin pour le suivi à long terme et la prévention des rechutes.
Au cours de ces trois étapes, le médecin traitant joue un rôle majeur, souligne le Dr Anne Borgne, addictologue, hôpital Jean-Verdier, Bondy. Parce qu’il connaît son patient, il pourra, avec le temps, l’aider à se décider à arrêter, tout simplement en lui prodiguant ce qu’on appelle le conseil minimal. Le médecin traitant est particulièrement à même de choisir la meilleure stratégie d’aide au sevrage et de l’adapter aux besoins du patient. Dans le cas de la prescription de Champix, le médecin pourra, si besoin, poursuivre le traitement initial de 12 semaines pendant 12 semaines supplémentaires, ou diminuer progressivement le traitement s’il le juge nécessaire.
Enfin, le généraliste est au coeur de la prise en charge à long terme du patient, qu’il peut aider à gérer les effets indésirables liés à l’arrêt du tabagisme, notamment les deux symptômes qui perdurent le plus longtemps après l’arrêt du tabac : l’augmentation de l’appétit et l’envie impérieuse de fumer.
En officine le 12 février
Champix sera disponible en officine à partir du 12 février.
Champix est délivré uniquement sur ordonnance et n’est pas remboursé par la Sécurité sociale. Certaines mutuelles prendront en charge le traitement.
Le traitement est commencé une ou deux semaines avant la date fixée par le patient pour arrêter de fumer. Après une période de titration de deux semaines, Champix est administré à raison de 1 mg deux fois par jour, pour une durée totale de traitement de douze semaines.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature