La population médicale féminine croît

C’est tant mieux !

Par
Publié le 08/03/2017
c'est tant mieux

c'est tant mieux
Crédit photo : PHANIE

L’équipe de Santé publique de Harvard a conduit une étude rétrospective en analysant un échantillon aléatoire de 20 % des bénéficiaires de Medicare de 65 ans ou plus hospitalisés et traités en service de médecine interne (1). Les auteurs ont examiné l'association entre le sexe du médecin et la mortalité à 30 jours ainsi que le taux de réadmission dans les 30 jours à partir d’une base de plus de 1,5 million d’hospitalisations. Les caractéristiques des patients étaient identiques pour les médecins femmes et hommes.

Moins de décès et de réadmissions

Les patients traités par des médecins femmes ont eu une mortalité plus faible à 30 jours : mortalité ajustée de 11,07 % contre 11,49 % pour les hommes, soit un écart de risque ajusté de -0,43 % (IC 95 % de -0,57 à -0,28 %, p < 0,001). Le taux de réadmission à 30 jours était aussi plus faible : 15,02 % pour les médecins femmes contre 15,57 % pour les hommes, soit écart de risque ajusté de -0,55 % (-0,71 % à -0,39 %). Les données ont été ajustées en particulier en fonction de l’âge du patient et de la sévérité de sa maladie. Des analyses de sensibilité ont aussi été faites pour tester la robustesse des conclusions. Les différences persistaient dans les 8 états pathologiques testés dans les modèles (aucune maladie rhumatologique… !) et n’étaient pas influencées par la gravité de la maladie.

On notera que, parmi les 58 344 médecins internistes, les femmes (32 % du total) étaient plus jeunes (de 5 ans) et avaient en charge un nombre plus faible de patients (131,9 contre 180,5 hospitalisations par an), ce qui peut avoir introduit un biais d’interprétation ! On argumentera aussi peut-être que la réduction de risque (environ 4 %) est faible et de pertinence clinique discutable : on doit cependant noter qu’elle est d’amplitude comparable à la réduction globale de la mortalité toutes causes confondues entre 2003 et 2013 parmi les bénéficiaires de Medicare.

On ne peut donc que se réjouir pour nos patients de la féminisation de la médecine, en espérant que les données de cette étude soient extrapolables à la pratique rhumatologique !

Hôpital Lariboisière, Paris 
(1) Tsugawa Y et al.  JAMA Intern Med 2016 Dec 19. doi: 10.1001/jamainternmed.2016.7875. [Epub ahead of print]

Pr Philippe Orcel

Source : lequotidiendumedecin.fr