C E contrat s'inscrit dans le cadre d'un programme de recherche dirigé par François Radvanyi et qui concerne l'équipe « Morphogenèse cellulaire et progression tumorale » conduite par Jean-Paul Thiery, en collaboration avec le département de transfert et les départements hospitaliers.
Le développement d'une tumeur est lié à une cascade d'événements très complexes au sein des tissus et des organes à partir de cellules dont le patrimoine génétique a été altéré par divers agents génotoxiques. Les cellules ainsi modifiées acquièrent un potentiel prolifératif distinct de celles qui ont conservé un patrimoine génétique normal.
Les mécanismes cellulaires et moléculaires associés à la formation et à la progression des tumeurs commencent à être décryptés, et certains acteurs de la progression ont été identifiés, comme les facteurs de transcription, des régulateurs de condensation de la chromatine, des enzymes associées au cycle cellulaire, des facteurs de croissance et des protéases... Mais l'hétérogénéité des tumeurs et l'association de plusieurs mécanismes dans leur développement sont telles que la prédiction de l'évolution est difficile. Les cibles à bloquer pour empêcher le développement des tumeurs sont nombreuses, variées et propres à chaque tumeur. D'où l'échec de nouvelles molécules anticancéreuses qui visent de façon aléatoire soit une cible pour empêcher la progression, soit plusieurs cibles lors des associations de médicaments.
Etablir la carte d'identité de chaque tumeur
Le premier objectif de l'accord conclu est de tenter d'établir la « carte d'identité » de chaque tumeur, en clair, les profils d'expression génétique les caractérisant de façon spécifique. Dans un délai de trois à cinq ans, cette approche devrait porter ses fruits dans le cancer du sein et dans les tumeurs de la vessie superficielles et invasives. Une plate-forme génomique, destinée à analyser un ensemble de tumeurs, pour lesquelles des données relatives à l'évolution clinique des patients sur une période assez longue, a déjà été mise en place avec une collaboration étroite de différents départements de l'institut Curie et de AstraZeneca.
Diagnostic, pronostic et décision thérapeutique
L'utilisation de « puces ADN », un dispositif technologique, dans les prochaines années, devrait permettre une analyse quasi exhaustive de tous les gènes exprimés dans une tumeur. Ainsi, à partir d'une biopsie, il devrait être possible de déduire avec précision le diagnostic et le pronostic, et proposer une décision thérapeutique, un traitement spécifique à chaque patient. Le patient pourra alors bénéficier d'un traitement d'emblée efficace, tenant compte d'un très grand nombre de paramètres moléculaires caractéristiques de sa tumeur, alors que, aujourd'hui, seulement une dizaine de paramètres sont pris en compte pour les traitements.
Progression tumorale
Un autre objectif du partenariat engagé aujourd'hui tend à identifier un nombre restreint de cibles (gènes et produits des gènes) situées à des carrefours importants dans les mécanismes de progression tumorale pour permettre la mise au point de nouvelles molécules anticancéreuses. Du fait d'analyses comparatives d'un grand nombre de tumeurs, d'approches biostatistiques et bio-informatiques nouvelles, de l'utilisation des puces à ADN, les équipes de l'institut Curie contribueront à la validation des cibles, ce qui, par la suite, permettra à AstraZeneca d'engager un programme de sélection de nouveaux médicaments anticancéreux.
Conférence de presse organisée par l'institut Curie et les Laboratoires AstraZeneca, avec la participation de : J.-P. Thiery (directeur de l'UMR 144 « compartimentation et dynamique cellulaires », CNRS/institut Curie), P. Pouillart (cancérologue, chef du département d'oncologie médicale de l'institut Curie) et P. Siret (directeur de la recherche AstraZeneca France).
Les puces à ADN
Les puces à ADN sont un dispositif technologique constitué d'un support en verre ou en silicium, sur lequel ont été posés des fragments d'ADN de gènes dont les mutations sont identifiées et connues. Véritable « hameçon » d'ARNc (molécule d'ADN copie d'une molécule ARN) prélevé dans les cellules cancéreuses, les puces permettent la reconnaissance des mutations présentes dans la tumeur analysée. Ce dispositif autorise l'analyse de 10 000 à 30 000 produits de gènes. Actuellement, la majorité de ces puces à ADN est fabriquée aux Etats-Unis.
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