Britannicus frôle la perfection

Publié le 12/05/2016

Crédit photo : Brigitte Enguerand

Après Phèdre, Agrippine. Dominique Blanc pour son entrée comme pensionnaire à la Comédie française, troque la passion inavouable pour l’exercice du pouvoir. Mais là encore la fin sera tragique. Pour autant, les pièces de Racine ne se réduisent pas à leur intrigue. Elles livrent au public le bonheur d’entendre une nouvelle fois l’alexandrin racinien. Cette langue n’a pas encore sacrifié la beauté à la banalité du mot à sa valeur d’usage. Grâce au travail de la troupe, le vers est récité au naturel comme sans effort. Bien sûr Britannicus est un chef d’œuvre, un fil tendu entre la passion amoureuse contrariée, celle de Britannicus et Junie, et la passion politique où s’affrontent Agrippine et son fils Néron pour le pouvoir. À la fin le fil se rompt. Public et personnages médusés assistent à l’émergence d’un tyran sanguinaire qui se vautrera dans toutes les transgressions. Pour sa première mise en scène au Français, Stéphane Braunschweig, le nouveau directeur de l’Odéon, frôle la perfection. On regrettera ici et là quelques portes qui claquent. En effet, le décor pour faire moderne, esquisse des lieux de pouvoir d’aujourd’hui, ce qui transforme en quelques moments la tragédie en boulevard. Avec le temps des représentations, ces quelques défauts seront effacés. Brillera encore plus la troupe du Français qui sert ici Racine avec justesse et profondeur. Une très belle soirée en vérité.

En alternance jusqu’au 23 juillet à la Comédie-Française.

Source : lequotidiendumedecin.fr