Bové, père et fils : gènes et générations

Publié le 04/02/2001

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M AIS qui donc a pu vouer aux gémonies avec une telle férocité les militants qui s'en prennent aux recherches sur les OGM, en allant jusqu'à s'exclamer : « Au Moyen Age, les gens brûlaient les sorcières. Aujourd'hui, ils brûlent les plantes transgéniques » ?

Surprise, il s'agit d'un dénommé Bové. Pas un simple homonyme du syndicaliste paysan français aux légendaires bacchantes, mais son propre père, Joseph-Marie de ses prénoms, 71 ans, ancien directeur de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Bordeaux, qui a fait ses confidences à un journaliste américain de « Newsweek ».
M. Bové père est un phytopathologiste qui s'est taillé une grande réputation au Brésil, en menant à bien une étude qui a finalement permis aux chercheurs brésiliens d'établir, l'année dernière, la séquence génétique d'un parasite végétal, le xyllela fastidiosa, redoutable bactérie qui ravageait les plantations d'orangers.
Quand on sait que le Brésil est champion mondial de production de jus d'orange et que cette bactérie résiste aux traitements par les pesticides, on mesure à quel point le nom de Bové fait l'objet dans ce pays de la reconnaissance des masses.
Ce même Bové n'en est pas à son coup d'essai, du reste, en matière de recherche transgénique, puisqu'on lui doit encore des travaux extrêmement prometteurs sur une banane génétiquement modifiée capable de prévenir l'apparition de caries dans les bouches de ses consommateurs.
C'est dire la stupeur qui a dû s'emparer des Brésiliens à l'annonce que le meneur français qui avait participé la semaine dernière à l'opération surprise contre un centre de recherches de la firme multinationale Monsanto, mettant à sac des cultures expérimentales de soja et de maïs transgénique, n'était autre qu'un certain Bové.
Bové fils, du coup, avait été interpellé par la police fédérale et sommé de quitter le pays dans les 24 heures.
Les juges ont finalement fait montre de mansuétude, autorisant le leader de la Confédération paysanne à quitter le pays à l'issue de la réunion du Forum social mondial qui s'est tenu à Porto Alegre.

Ch. D.