Livres
E N ce temps-là, donc, un virus mortel s'était immiscé dans la nourriture. A la maison, au restaurant, n'importe où, que l'on mange de la viande, des légumes, du fromage ou n'importe quoi, on risquait de piquer du nez dans l'assiette pour ne plus la relever.
Si les autorités et les scientifiques ne savaient strictement rien sur cette maladie qui pouvait être foudroyante ou à évolution lente, les créatifs avaient planché pour lui trouver un joli nom que les tests sur les consommateurs avaient validé, la Destria.
Le plus étonnant - mais on en a l'expérience -, c'est qu'en dépit de la peur les gens vivaient quand même, tant bien que mal. Certes, les habitudes alimentaires avaient changé, on mangeait moins et moins varié afin de ne pas tenter le diable, des produits « certifiés goûtés » étaient arrivés sur le marché, c'est-à-dire des produits à risque zéro que les producteurs - plus souvent leurs chats et chiens, voire les personnes âgées de la famille qui de toute façon mouraient beaucoup plus depuis l'apparition de la maladie - avaient goûté avant de les commercialiser, beaucoup plus cher évidemment. Et même, chaque quartier avait son goûteur, un petit boulot en pointe et rémunérateur puisqu'il fallait compter 600 F pour un repas goûté pour quatre personnes.
De nouveaux médias comme « Destria Magazine » étaient apparus et jusqu'aux modes de gouvernement qui s'étaient adaptées puisqu'on en était à l'ère des dîners présidentiels télévisés...
Seul un homme, dans cette « nouvelle économie » de survie, semble échapper à la peur ambiante : le narrateur, qui n'a de cesse de se faire reconnaître comme « le voleur de viande » par les médias ; il « braque » les boucheries avec un pistolet en plastique et ressort avec une cuisse de poulet, une entrecôte ou une tranche de foie de veau, qu'il entrepose dans son congélateur. A chaque lecteur de méditer sur la signification de ces larcins à la fois bénins et à haut risque.
Après « Ma Boulangère ne sait pas encore qu'elle ne va plus me voir », le deuxième livre de Frédéric Perrin est assez étrange pour attirer l'attention - sur lui et les déviances qu'il évoque !
Editions Climats, 156 p., 80 F.
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