C EST comme de la barbe à papa. Cela n'a pas de consistance définie. Un nuage. C'est délicieux, mais cela disparaît aussitôt qu'apparu et l'on n'en conserve que le sentiment d'un charme.
C'est sur mesure, pour deux acteurs très attachants, que Samuel Benchetrit a écrit cette « Comédie sur un quai de gare ».
Unité appuyée : cela se passe en temps réel, le temps du retard d'un train. Cela se passe sur un quai de gare, quelque part au sud de la France. Le soir. Mais l'été sans doute. Paris est à trois heures douze minutes. Montelimar si on veut. Ou Valence. Mais il y aurait plus de monde sur le quai... ! Qu'importe. « La Gare », notifie le panneau... Le ton est donné.
Ils sont trois. Un père, Charles, sa fille, Michelle, un jeune homme, Vincent, qui monte à Paris pour prendre la gérance d'un bar-tabac des hauteurs de la ville... Que va-t-il se passer ? Un arrachement du père et de la fille, tellement liés puisque, entre eux, il n'y a eu qu'une absente : la femme, l'épouse, l'amoureuse, morte en donnant naissance à Michelle... Après ce drôle de moment, ce sera chacun sa route désormais.
Ecouterait-on vraiment, serait-on à ce point sous le charme si ces deux-là n'étaient pas incarnés, avec ce qu'ils ont en partage d'élégance, de mystère, de détachement apparent, par Jean-Louis Trintignant et Marie Trintignant ? Ils font naître une grâce. Elle touche Patrick Lizana, très fin, très juste, touchant. Une grâce qui doit à l'osmose entre l'écriture et la mise en scène, également signée Samuel Benchetrit.
Une autre est là, l'irascible hôtesse dont on entend que la voix -
sublime voix rauque et humour de Nicole Garcia, une hôtesse qui se mêle de tout et qui a peut-être une solution pour ce bel homme toujours séduisant...
Bien sûr, on dira que Benchetrit s'en sort par des pirouettes. Il tient un fil, le lâche, en saisit un nouveau, insoucieux de toute vraisemblance. Mais tout le secret de cette écriture qui promet est là. Dans une liberté, une fantaisie, répétons-le, qui fait merveille.
Théâtre Hébertot, à 21 h du mardi au samedi, en matinée à 18 h le samedi, à 15 h le dimanche. Durée : 1 h 20 sans entracte (01.43.87.23.23).
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