Le goût des autres serait-il le nôtre ? Bajazet de Jean Racine n’est guère représenté sur les scènes des théâtres. Eric Ruf, l’administrateur de la Comédie-Française, a-t-il alors eu raison de réparer cette absence ? Entendre une fois encore le vers racinien, comme s’il allait de soi, infuse une musique des mots qui nous enchante. La pièce en revanche est mineure. Il n’y a pas tragédie à la voir si peu jouée. Tout est dit d’entrée de jeu. Ce Bazajet aimé de deux femmes finira mal. Il demeure fidèle à son amour de jeunesse Atalide tout en étant convoité par la favorite du sultan parti guerroyer pour la gloire de la patrie. Cette situation est pour le moins intenable, a fortiori si elle se déroule dans un harem. D’autant que les personnages n’évoluent pas au fil de la pièce, pris dans les rets de leur caractère. Eric Ruf pourtant si talentueux scénographe ne leur facilite pas la tâche avec cette marée de chaussures de femmes sur le plateau symboles d’une féminité enchaînée(?). Même Denis Podalydès dans son rôle de vizir manipulateur, prêt à toutes les fourberies paraît s’ennuyer. Clotilde de Bayser, fière Roxane, femme de pouvoir et pourtant humiliée domine la distribution. Et campe sur le plateau du Vieux-Colombier une femme de tête brisée par l’amour au moment où elle est elle-même en train de trahir son sultan. Certes, ce Bajazet est parfois falot. Mais cette pièce secondaire de Racine peut être vue, même si elle n’emporte pas le spectateur vers les cimes de la tragédie.
Théâtre du Vieux Colombier à Paris, jusqu’au 7 mai 2017.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature