Trois enquêtes épidémiologiques
« Selon une étude publiée en 1998 par le réseau des centres régionaux de pharmacovigilance, l'incidence des hospitalisations liées à un effet indésirable médicamenteux est de 3,19 % », rappelle Philippe Duneton (directeur général de l'Afssaps). Cette étude a également montré que les accidents hémorragiques des AVK venaient au premier rang des accidents iatrogènes (13 % de ces accidents). Or, en France, de 400 000 à 500 000 patients sont traités chaque année par AVK. Il y aurait donc chaque année 17 000 hospitalisations pour surdosage en AVK dans notre pays.
Afin d'estimer précisément l'état des connaissances des patients et de certains professionnels de santé sur les AVK, l'Afssaps a mis en place au cours de l'été 2000 trois études épidémiologiques : l'une auprès de 195 pharmacies d'officine, une deuxième auprès de 436 laboratoires d'analyse médicale, enfin, une troisième auprès des services de neurochirurgie français. Les résultats préliminaires montrent que près de 8 % des patients hospitalisés pour une hémorragie cérébrale sont traités par AVK. Selon l'estimation des pharmaciens, environ 80 % des patients sont informés des risques du traitement, mais plus de la moitié d'entre eux ne connaissent pas les signes annonciateurs d'un surdosage (INR supérieur à 5, saignement mineur ou signes indirects d'une hémorragie) ; 41 % des malades traités ne savent pas qu'ils doivent signaler leur traitement anticoagulant au pharmacien, 62 % au biologiste. En outre, près de 50 % des biologistes ignorent l'indication de l'AVK au moment de l'INR. Enfin, 30 % des résultats d'INR se situent en dehors de la zone thérapeutique.
Indications des AVK
- Cardiopathies emboligènes : prévention des complications en rapport avec les fibrillations auriculaires (cible : INR 2,5 ), certaines valvulopathies mitrales (cible : INR 3,7 ), les prothèses valvulaires (mécanique en position mitrale ou aortique, cible : INR 3,7 ; prothèse mécanique en position tricuspide cible, INR 2,5 ; prothèse biologique, cible : INR 2,5, traitement limité à trois mois).
- Infarctus du myocarde: prévention thromboembolique des infarctus compliqués (cible : INR 2,5 pendant un à trois mois) ; prévention de la récidive d'infarctus en cas d'intolérance à l'aspirine (cible : INR 2,5 à vie).
- Traitement et prévention secondaire des thromboses veineuses profondes et des embolies pulmonaires (cible : INR 2,5 durant trois à six mois).
- Prévention des thromboses veineuses et de l'embolie pulmonaire en chirurgie de hanche (cible : INR 2,5).
Site de l'Afssaps http://afssaps.sante.fr
Surdosage
La conduite à tenir, lors d'un surdosage en AVK, est fonction de l'INR et des éventuels signes hémorragiques :
1. Si l'INR est au-dessus de la zone thérapeutique mais inférieure à 5 et si le patient n'a pas de manifestations hémorragiques : supprimer la prochaine prise, reprendre le traitement à dose plus faible dès que l'INR souhaité est obtenu. Si l'INR est très voisin de l'INR souhaité, réduire directement la dose quotidienne sans suppression de dose.
2. Si l'INR est supérieur à 5, mais inférieur à 9 et que le patient ne présente que des signes mineurs (gingivorragie ou épistaxis provoqué) :
a) en l'absence de facteur de risque hémorragique, supprimer une ou deux prises d'AVK, mesurer l'INR plus fréquemment et reprendre l'AVK à dose plus faible dès que l'INR souhaité est obtenu ;
b) lorsque le patient présente d'autres risques hémorragiques, supprimer une prise et donner de la vitamine K : soit de 1 à 2,5 mg par voie orale, soit de 0,5 à 1 mg en perfusion lente sur une heure.
3. Si l'INR est supérieur à 9, en l'absence de saignement, supprimer une prise et donner de la vitamine K : soit de 3 à 5 mg par voie orale, soit de 1 à 1,5 mg en perfusion lente sur une heure, ce qui permet une réduction de l'INR en 24 à 48 heures, puis reprendre l'AVK à dose plus faible. Surveiller l'INR fréquemment et répéter si nécessaire le traitement par vitamine K.
4. Si une correction rapide de l'effet anticoagulant est nécessaire, en cas de manifestation hémorragique grave ou de surdosage majeur en AVK (par exemple INR supérieur à 20), utiliser une dose de 10 mg de vitamine K par voie intraveineuse lente, associée selon l'urgence à du plasma frais congelé (PFC) ou à un concentré de facteur vitamine K dépendant (Kaskadil). L'administration de vitamine K peut être répétée toutes les douze heures.
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