Arnaud Robinet, l'héritier

Peut-on s’arracher à ses racines ? Arnaud Robinet (47 ans) est un héritier du Livre. Petit-fils d’une grand-mère juive née à Oran, d’un grand-père catholique du côté paternel et d’un grand-père musulman kabyle du côté maternel, il est le fruit d’un métissage entre les trois monothéismes nés au sein de la Méditerranée. Ici l’histoire familiale relève du roman d’amour et d’aventure. En pleine Seconde Guerre mondiale, le grand-père pilote de guerre ramène sa jeune épouse avec de faux papiers en France occupée pour la présenter à ses parents. L’amour, on le sait, est aveugle au danger. Et la grand-mère en réchappera.

Il y a la petite mais aussi la grande histoire. Peut-on s’arracher de-là où l’on est né ? Maire de Reims, la ville du sacre des rois de France, le nouveau président de la FHF, féru d’histoire, tisse les fils de la monarchie et de la République. Et s’inscrit résolument dans le sillage creusé par Marc Bloch et sa célèbre formule : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims, ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la fédération. » Logiquement ? Louis XIV est son grand héros. Mais Arnaud Robinet est aussi intarissable sur Marie Stuart, la reine d’Écosse et de France à la fin tragique. Son livre sur la table de chevet est la biographie de Stefan Zweig consacrée à la reine assassinée.

L’histoire pourtant n’a rien à voir dans son engagement politique. Dans ses jeunes années, Arnaud Robinet se lance plutôt dans le sport. Il entraînera même, surprise de taille, une équipe de basket-ball de filles. Mais le hasard, la chance bouleversent des trajectoires. Un jour, le maire de Reims lui propose un jour de figurer sur sa liste électorale. Le jeune Arnaud accepte et sera longtemps le benjamin du conseil municipal. Son mentor alors en politique sera Alain Madelin. Ce succès n’efface pas les échecs comme celui à la première année du concours en médecine. « Il y avait 70 places en médecine pour 1 000 candidats. Cet échec a généré une réelle frustration ». L’étudiant meurtri n’abandonnera pas la santé. Et deviendra maître de conférences en biochimie et biologie moléculaire. Plus tard, déjà titulaire d’un doctorat en sciences, il s’inscrit en faculté de pharmacie. « La situation était pour le moins étrange. Selon les horaires, je donnais des cours comme professeur. À d’autres moments, j’étais sur les bancs des amphithéâtres comme étudiant. J’ai arrêté en quatrième année après mon début en politique. »

Arnaud Robinet n’en a pas fini en revanche avec ses origines. Fan de chansons françaises, Serge Gainsbourg trône en haut de son panthéon avec Alain Bashung. Rien là de très original sauf si l’on ajoute Enrico Macias, originaire d’Oran. « Il sera invité au repas des seniors en février prochain. » La grand-mère doit être fière de son petit-fils.