AVEC PUDEUR et sensibilité, « Je suis » retrace le combat de trois traumatisés crâniens pour réapprendre les mots et les gestes du quotidien. Pour tenter de comprendre comment on se remet d’un accident vasculaire cérébral (AVC), Emmanuel Finkiel a tourné pendant deux ans au sein du centre de rééducation de Coubert. Le film, sorti hier dans les salles, s’ouvre sur Christophe, un ancien professeur de Tennis victime d’une malformation artério-veineuse. Alors qu’il doit dire comment s’appellent ses parents, où ils habitent, et quel est leur métier, on prend la mesure de toute la difficulté que représentent pour lui ces questions simples. Pendant toute la durée du film, on suit les trois protagonistes durant leurs séances de rééducation physique ou d’exercice de langage. Avec beaucoup de patience, les médecins et soignants les mettent sur la voie. Les familles occupent aussi une place importante, parents, femmes ou enfants, ils accompagnent le processus de guérison. « Il a eu son problème il y a deux ans et demi. Bien sûr il y a des progrès mais c’est long », explique le père de Christophe. « On ne peut pas tout saisir, on ne peut pas saisir notamment s’il est content », raconte-t-il plus tard dans le documentaire. « On voudrait qu’il soit heureux dans son petit monde à lui et on ne sait pas trop comment s’y prendre. »
Pour capter les émotions Emmanuel Finkiel filme les visages au plus près. Christophe, un autre patient, est sujet à des changements d’humeur brutaux. Ce jeune papa atteint au niveau du tronc cérébral, montre une forte volonté de progresser. « À partir du moment où il s’est réveillé, compte tenu de son mental, je me suis dit que ça marcherait. Pour l’instant a priori j’ai raison », confie sa femme. Comme elle, tous les proches de Christophe le décrivent comme un battant. « J’ai fait beaucoup d’efforts, j’ai progressé à mon rythme, mais à mon goût pas assez vite. Mon objectif était de marcher tout seul », confie-t-il.
Le temps, un personnage essentiel.
Le film se déroule lentement, rythmé par les saisons, pour souligner que le chemin est long, mais petit à petit on note la transformation des trois patients. « Pour suivre l’évolution d’un cérébro-lésé, il faudrait au moins avoir comme échelle de temps, une dizaine d’années », explique le réalisateur récompensé par de nombreux prix en France et à l’étranger pour ses films « Voyages », « Casting », et « Nulle part terre promise », dont deux César, le Prix Louis Delluc et le Prix Jean Vigo. Emmanuel Finkiel a lui-même été confronté à cette maladie, il y a plusieurs années. « Je préparais un téléfilm de fiction sur le traumatisme crânien, l’après-midi, je visitais des centres de rééducation pour trouver celui dans lequel on allait tourner ; et le soir chez moi, je me suis réveillé par terre : j’avais eu un AVC. On peut appeler ça du professionnalisme exacerbé », raconte-t-il. « J’ai donc partagé pendant une brève période la vie d’un centre de rééducation. J’ai appris aussi à décrypter ce monde des soignants, vu par les patients. C’est une armée bienveillante dont on ne cite pas les noms dans le film mais qui brille par sa présence déterminante », poursuit-il.
Le laboratoire pharmaceutique Boehringer Ingelheim soutient le documentaire, et en profite pour rappeler qu’en France on compte 130 000 AVC par an et qu’il s’agit de la première cause de handicap physique acquis de l’adulte. Les plus fréquents sont les AVC ischémiques, dans 80 % des cas, ils surviennent lorsqu’une artère se bouche. Les AVC hémorragiques sont plus rares, 20 % des cas, et ils surviennent lorsqu’un vaisseau sanguin irriguant le cerveau se rompt, créant soit une hémorragie cérébrale, soit une hémorragie méningée. Le laboratoire insiste également sur le fait qu’il faut réagir rapidement en appelant le 15 face aux symptômes d’un AVC, comme une paralysie brutale du visage, une faiblesse brutale d’un bras ou d’une jambe, ou des troubles soudains de la parole.
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