DANS L’ABSOLU, l’indignation des féministes est parfaitement justifiée. Ils rappellent que l’on compte 75 000 viols en France chaque année dont 10 % seulement donnent lieu à des plaintes et à des poursuites. Les violeurs agissent donc avec le sentiment qu’ils ne seront pas punis. Le viol est à la fois l’un des crimes les plus graves que les hommes peuvent commettre et celui que la société juge avec le plus d’indulgence. Selon les féministes, l’affaire DSK a agi comme le révélateur d’un mal profond de la collectivité française, qui considérerait les femmes agressées sexuellement comme des victimes de deuxième catégorie.
Tout cela est vrai en général. Mais dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, le déchaînement des passions contre l’indulgence qu’inspire le viol est prématuré. Encore aujourd’hui, on apprend que de lourdes présomptions, appuyées sur des relevés d’ADN, pèsent sur DSK ; mais dans le même temps, son avocat, Benjamin Brafman, confirme qu’il plaidera non-coupable et sera acquitté. La vérité est qu’il est encore beaucoup tôt pour dénoncer un crime éventuel et pour décider que la victime éventuelle a eu le malheur de recontrer un macho invétéré dans une suite d’hôtel.
Contexte judiciaire et politique.
Si la prudence la plus élémentaire consiste à ne pas reconnaître la culpabilité de DSK avant l’heure, la même prudence commande d’avoir pour la jeune femme de ménage tous les égards qui lui sont dus. De sorte que les plaidoiries prononcées hors prétoire par les amis du directeur du FMI auraient été plus utiles si elles avaient admis qu’il y a soupçon de crime et donc qu’aucun discours n’est valable qui ne soit empreint de sympathie pour la victime. Certains personnages, et pas des moindres, se sont livrés à une défense unilatérale de DSK ; mais d’autres aussi l’ont accablé d’accusations dont ils n’avaient pas la moindre preuve.
L’ACCUSATION DE SEXISME DÉPEND DE LA CULPABILITÉ DE L’ACCUSÉ
On ne peut pas parler de ce scandale en l’extrayant du contexte judiciaire et politique. Le droit de la victime présumée à un total anonymat (c’est la presse française qui a révélé son identité) a fait que nous n’avons eu d’elle aucune image et aucun son. Il est très difficile de voler au secours d’une personne qui n’a qu’une existence virtuelle. En revanche, il serait presque logique que, sous l’effet de l’incrédulité (le crime est assez grave pour qu’on n’en croie pas capable un candidat à la présidence de la République), on cherche à bâtir un scénario différent de celui que nous propose un procureur acharné à la perte de DSK, au nom d’un égalitarisme pour les criminels, qu’ils soient puissants ou misérables, qui, en réalité, a déjà châtié M. Strauss-Kahn au-delà de l’imaginable : il a démissionné du FMI, il ne sera plus jamais candidat, il vit maintenant dans la honte, il a fait, même s’il est innocent, le malheur de sa famille, et, accessoirement, il pourrait la ruiner, tant sont coûteuses les enquêtes de la défense et les conditions de sécurité de son logement en ville.
Sarcasmes des medias.
M. Strauss-Kahn n’échappe pas non plus aux sarcasmes incessants des medias, américains ou non, au sujet d’un conflit qui oppose un homme fort, riche et célèbre à une jeune femme pauvre, modeste et inconnue. Le rapport est tellement défavorable pour celle-ci que celui-là, quoi qu’il ait fait, est déjà voué aux gémonies par des médias qui font de la morale en titillant la lubricité du public. On a demandé au maire de New York, Michael Bromberg, pourquoi la police a été aussi dure pour DSK. Parce que son crime est grave, a-t-il répondu. Mais s’il est innocent ? Il n’avait qu’à ne pas se mettre dans ce mauvais cas. Tout est dit : DSK est coupable, quoi qu’il en soit de la réalité des faits dont il est accusé. Il n’est pas scandaleux que ses amis les plus sincères refusent de participer à la curée générale.
Est-ce que cela signifie que la gravité de l’agression sexuelle ou du viol doit être relativisé ou, pis, minimisé ? En aucun cas. Il y aura tôt ou tard un moment de vérité, celui où l’accusation déposera ses preuves dans le cadre du procès censé commencer le 6 juin prochain. Il se peut que ces preuves soient insuffisantes ; il se peut qu’elles soient accablantes ; il se peut aussi qu’il échappe à une condamnation en dépit des preuves. Mais le public pourra se forger une conviction quant à sa culpabilité ou à son innocence.Personne n’hésitera plus à faire le procès du sexisme, qui serait courant dans la classe politique. Mais on ne peut pas faire ce procès avant de savoir ce qui s’est réllement passé.
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