POUR LE PRÉSIDENT de l’association Vaincre l’autisme M’Hammed Sajidi, les carences et autres lacunes que la France présente en matière de lutte contre cette maladie sont criantes et seraient en passe de s’aggraver suite à la parution du « 3e Plan autisme » présenté en mai dernier par le gouvernement. Le « Rapport 2013 : situation de l’autisme en France » que vient de publier l’association dresse en effet un constat alarmant dans plusieurs domaines, qui vont du « dépistage inexistant » à la « prise en charge inadaptée », en passant par les « diagnostics non conformes » et l’« absence de perspective de vie digne ».
Alors que les 2 premiers plans autisme (2005-2007 et 2008-2010) avaient marqué, selon l’association, « une volonté politique de se saisir des principaux sujets déterminants pour l’avenir des enfants, adolescents et adultes atteints d’autisme en France », le 3e Plan est taxé d’opérer « un réel recul de la part des politiques » et notamment « un retour en arrière concernant la pérennisation et le développement des structures innovantes dites expérimentales ». Bien que satisfaite de voir la psychanalyse, une « exception franco-française », enfin remise en question dans le traitement de l’autisme, l’association déplore encore « la levée de boucliers des tenants de ces approches » et appelle, pour les contrer, à une « Journée d’indignation » le 30 octobre prochain.
Du retard dans tous les domaines.
Autre particularisme français que Vaincre l’autisme met en accusation dans son rapport, la tendance des autorités du pays à « toujours minimiser l’étendue du problème ». Il y est ainsi fait état des 7 années qu’il a fallu avant que la France ne reconnaisse les données de prévalence sur l’autisme qui étaient d’une naissance sur 150. À l’heure actuelle, le rapport rappelle qu’elles sont en augmentation avec une naissance sur 100 au niveau international, voire une naissance sur 50 selon certaines études plus localisées. Les critères diagnostics ne seraient également pas adaptés aux filles atteintes de troubles du spectre autistique.
Pour l’association, « ces données qui inquiètent le monde entier n’ont pas d’écho en France et ne débouchent sur aucune mesure concrète. Pourtant, d’ici peu, c’est 1 300 000 personnes qu’il faudra prendre en charge, accompagner, aider, soigner ». Un chiffre qui fait craindre des « conséquences graves sur la santé publique et son financement » et qui appelle la mise en place d’une « vraie stratégie d’actions », axée sur des mesures sociales d’accompagnement et de prise en charge, notamment en milieu scolaire, jugées pour l’heure nettement insuffisantes.
Une recherche en panne de financements.
Si Vaincre l’autisme pointe du doigt les retards pris par la France, notamment concernant l’absence de données épidémiologiques et médico-économiques, son président déplore également l’absence de moyens donnés à la recherche, alors que des pays comme « la Suède ou les États-Unis sont déjà dans la lutte contre la maladie » grâce aux crédits dont ils disposent pour ce volet. Un constat renforcé par l’infime proportion que représentent au sein du 3e Plan Autisme les 500 000 euros alloués à la recherche sur une enveloppe globale de 208 millions.
C’est dans ce « contexte d’urgence » et afin de « provoquer une prise de conscience » que Vaincre l’autisme a publié son rapport annuel qui sera suivi en décembre d’un « Plan alternatif », actuellement en cours de préparation et destiné à appuyer ses « revendications et recommandations en matière d’affectation des moyens financiers accordés à ce plan ».
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