Malgré les contrôles qui entourent leur mise au point, la défiance envers les vaccins progresse en France.
Près d’un Français sur trois (29 %) n’a pas confiance dans les vaccins, selon les résultats du dernier « Observatoire sociétal du médicament » du LEEM (Les Entreprises du médicament). Pire, ce niveau de défiance est en hausse de 6 points en un an. Les sondés attribuent aux vaccins une note de 6,1 sur 10 pour la sécurité, un score inférieur à celui des médicaments en général (6,4 sur 10).
Serge Montero, président du comité vaccins du LEEM, est cependant catégorique : « les process de l’industrie du vaccin s’alignent sur les standards de l’industrie pharmaceutique, ils sont extrêmement contrôlés », assure-t-il.
Deux types de contrôles sont effectués sur les vaccins. Les premiers portent sur la qualité de la fabrication, les autres sur la tolérance et l’efficacité du produit. La fabrication est rigoureusement contrôlée. « Dans les centres de production, 70 % du temps est consacré à ces contrôles, effectués à chaque étape de fabrication », rappelle-t-il. Après les contrôles de l’industrie elle-même, viennent ceux effectués par les autorités de santé, « qui sont du même niveau d’exigence ».
Quant à la surveillance de la tolérance d’un vaccin, elle commence dès les études cliniques. Serge Montero rappelle que « la phase I est déjà une phase de sécurité au cours de laquelle est testée l’éventuelle nocivité du produit ».
Vigilance passive, dispositif réactif
Cette surveillance ne s’arrête pas dans la vraie vie du vaccin. Le dispositif de pharmacovigilance permet de mener des investigations si des signaux d’intolérance sont détectés. Cette vigilance « passive » est de plus doublée par un dispositif beaucoup plus réactif : les plans de gestion des risques (PGR), qui concernent depuis 2005 tout médicament mis sur le marché.
Menés par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ils consistent, grâce aux données SNIIRAM, à comparer une population ayant reçu un vaccin, à une autre ne l’ayant pas reçu. « À la minute où l’on trouve un signal, indique Serge Montero, on agit ».
Mais malgré ce luxe de précautions, la défiance de la population prend des proportions alarmantes. Serge Montero avance une explication. Pour lui, ce phénomène s’installe parce que la plupart des maladies prévenues par les vaccins ont disparu, ou presque. « Quand vous prenez un médicament contre la migraine, explique-t-il, vous acceptez volontiers la petite aigreur d’estomac qui pourrait en découler, parce que vous voulez vous débarrasser de votre migraine ». Mais le vaccin ne soigne pas, il prévient l’apparition d’une affection potentielle dont la dangerosité est peu palpable.
« Les Français ne réalisent pas que, grâce au vaccin, ces maladies ont disparu ou presque, continue Serge Montero, et ils surestiment le risque de leur administration. Il y a dissymétrie entre la perception du bénéfice et celle du risque ». La méfiance viendrait donc de la non-perception du risque qu’il y a à ne pas se faire vacciner.
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