« J’AI FAIM de liberté, j’ai faim d’amour, j’ai faim tout court. Une énorme faim », tels sont les premiers mots du journaliste Stéphane Taponier dès son arrivée le 30 juin à l’aéroport militaire de Villacoublay, avec son confrère, Hervé Ghesquière. Les deux reporters ont enfin connu les joies de la liberté après 18 mois de captivité dans les rudes campagnes de l’Afghanistan. « Les conditions de vie, c’est d’être enfermé 23 h 45 sur 24 », résume Stéphane Taponier.
Malgré l’enfermement, la mauvaise nourriture, le manque d’hygiène, les deux journalistes ont paru plutôt en forme à leur descente d’avion. Pour tenir le coup, Hervé Ghesquière a raconté avoir beaucoup écrit et pratiqué de l’exercice physique. Durant ces longs mois, il a vécu seul dans une pièce séparée de Stéphane Taponier, qui partageait sa geôle avec leur accompagnateur afghan lui aussi pris en otage. « Ces éléments ont plutôt eu tendance à agir contre l’effet pathologique du traumatisme », souligne le Dr Didier Cremniter, psychiatre, responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique au SAMU de Paris. « Est-ce suffisant pour affirmer que leur captivité n’a engendré aucun impact ? Leur durée de captivité reste un problème dont les conséquences sont difficiles à apprécier ». « Il faudra faire en sorte qu’il y ait un espace protecteur autour d’eux avec leur entourage », estime-t-il.
Débriefing.
Leur retour à une vie sociale normale doit de préférence se faire progressivement. « Il ne faut surtout pas forcer les choses mais il ne faut pas non plus les empêcher de reprendre assez rapidement leur activité professionnelle s’ils en ont envie ». Dans un premier temps, « il y a la nécessité d’effectuer dès que possible un débriefing psychologique. Il s’agit de faire raconter l’expérience de captivité mais sans l’imposer », explique le Dr Cremniter. Derrière ce récit, peuvent apparaître des indicateurs de failles susceptibles de traduire une blessure psychique.
Un traumatisme lié à une prise d’otage peut aussi (re)surgir plusieurs années après. « Ceci est souvent lié à un moment où la personne est soumise à une pression de son environnement qui provoque un lien avec l’expérience traumatique ». L’expression de ce traumatisme peut revêtir différentes formes, le plus souvent des cauchemars ou des réminiscences des moments de capture. Après une longue prise d’otage comme dans le cas des deux journalistes, « il peut y avoir installation d’un sentiment de déchéance, de dépression, de résurgence avec les syndromes de reviviscence d’angoisse, d’une culpabilité par rapport à leur environnement », ajoute le Dr Cremniter. L’idéal étant d’instaurer sur la durée un suivi psychothérapeutique. « Dans l’ensemble des otages qui reviennent, un certain nombre choisit d’appréhender la reprise de leur vie sans forcément recourir à ce suivi. Néanmoins, lorsqu’on arrive à l’instaurer, c’est éminemment souhaitable. En règle générale, ce suivi s’inscrit le plus souvent en pointillé », constate le Dr Cremniter
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